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Critique de LePamplemousse


Choisir une vie de recluse n'est pas courant, encore moins quand la personne est une jeune femme de 17 ans, fille d'un marchand de tissus prospère, dans un village anglais en 1255.
C'est pourtant la vie que s'est choisie Sarah, et cela est un grand honneur pour le village qui l'accueille, car avoir une recluse au sein de son église est une véritable bénédiction, cela signifie que cette femme va prier chaque jour pour chacun des membres de la communauté, pour le Seigneur local, pour les religieux et tous les habitants.

Mais peut-on réellement parler de vie quand on décide de passer le reste de son existence à prier, enfermée dans une pièce sombre à la porte définitivement clouée ?
Une recluse doit consacrer sa vie à Jésus, elle doit totalement renoncer à sa vie d'avant, à sa famille, à ses souvenirs même, ne doit porter qu'une robe de tissu grossier, doit se contenter de légumes, de pain et d'eau, ne doit plus voir ni parler à des hommes, ne doit avoir de contact qu'avec sa servante, le prêtre et son confesseur.

Nous allons suivre Sarah au fil des jours, des semaines et des mois, dans son cheminement spirituel, nous allons découvrir des bribes de sa vie d'avant, et nous allons peu à peu découvrir ce qu'est cette vie emmurée, faite de privations de toutes sortes, mais faites aussi de petits riens, des odeurs de cuisine qui parviennent jusqu'à sa minuscule fenêtre, des bruits du dehors, que ce soit des éclats de voix ou des pépiements d'oiseaux, du vent qui s'infiltre sous la porte et la glace jusqu'aux os, du soleil qui jamais ne pénètre sa cellule…
Sarah nous fait partager sa foi, ses convictions, ses doutes, ses peurs les plus secrètes, et nous comprenons peu à peu la raison de son enfermement volontaire.

J'ai eu l'impression moi aussi d'être enfermée avec Sarah, j'ai senti le froid et l'humidité de la pierre sur ma peau, j'ai eu des crampes dans le ventre à cause du jeun, j'ai entendu les bruits du village sans pouvoir participer ni aux joies ni aux peines, j'ai été le témoin de vies difficiles et d'injustices odieuses sans pouvoir aider quiconque, j'ai entendu le murmure des prières incessantes…

A l'inverse de Sarah, moi, je pouvais refermer le livre et m'échapper de cette pièce humide et sombre, mais j'ai choisi de rester avec elle pendant ces 400 pages, j'ai choisi de partager ses petites joies, sa sérénité, son envie de se donner entièrement, d'aider la communauté par ses prières, mais aussi ses colères, son impuissance, son sentiment d'être une morte enfermée dans un tombeau.
Ce roman est un véritable coup de coeur et même si je n'ai pas la moindre velléité de réclusion, les mots et les émotions de Sarah m'ont littéralement captivée et envoûtée.
Je remercie chaleureusement Babélio et les éditions Denoël pour cet envoi.
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