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Critique de melusine1701


Oh que j'ai aimé ce roman! Il sait dès le départ nous plonger dans un environnement certes morbides, mais surtout profondément inquiétant, parce qu'il confronte une héroïne visiblement fragile et perturbée, avec ses hallucinations, à des blessures et des manifestations bien tangibles que même les médecins attestent. Alors, est-elle folle ou est-elle réellement harcelée par une présence invisible? Et voilà un fantastique qui fonctionne à merveille: les draps sont bien tâchés de sang, les murs sont bien couverts d'inscriptions menaçantes, ses cicatrices réapparaissent indubitablement, et pourtant, elle est inévitablement seule dans la pièce. La montée de l'angoisse est certaine, et l'on n'a de cesse de savoir le fin mot de l'histoire. Mais ne soyez pas trop pressés. On pourrait croire l'avoir trouvé lorsque Cornélia fait la connaissance de son étrange voisin, Henri de Matlombes, avec son gros chien noir, ses cheveux longs et ses chemises à jabot. Si celui-ci lui apprend assez vite qu'il est un vampire, cela ne résout rien les terrifiantes hallucinations qui mettent en scène sa mère disparue ou son père éventré, mais provoque toute une série de rêves d'une précision étonnante se déroulant dans un passé lointain où elle est à la fois elle-même et une autre et où Henri est un protecteur aimant et dévoué. A partir de là, ce n'est pas une, mais deux histoires qui nous sont racontées, avec un autre Henri et une autre Cornélia, à la fois très proche de ceux du roman et pourtant complètement différents, et c'est avec plaisir et inquiétude que l'on essaye de comprendre comment ces deux réalités sont liées.
Bref, ce roman ne cède à aucune facilité superficielle du genre: ce n'est pas une romance, ce n'est pas une tragédie amoureuse, ce n'est pas une histoire d'horreur, c'est tout cela à la fois et plus encore, tant les personnages et l'intrigue sont complexes. Chaque personnage, chaque élément joue un petit rôle dans un tout qui se met en place très progressivement et avec une cohérence remarquable. Même le thème du vampire n'est qu'une pièce d'une intrigue bien plus large et plus approfondie. Très bien construit, ce roman est aussi très bien écrit, la langue est soignée et habile en faisant preuve d'un second degré très appréciable face à un thème aussi éculé ces derniers temps (ainsi Cornélia disserte volontiers sur l'évolution des vêtements et des voitures d'Henri au fil des époques). Mais son gros point fort reste la manière dont il jongle entre une élégance raffinée digne d'un grand bal romantique et une horreur pure provoquée par des images tantôt très dérangeantes, tantôt insoutenables. On baigne dans le sang au sens propre, et les vampires ne se contentent pas de mordre, mais appliquent des tortures d'un raffinement et d'une cruauté effroyables. Des mots gravés dans la chair, des messages qui apparaissent sur tous les murs de votre chambre pendant la nuit, un vampire au repos dans un cercueil plein de sang et de pourriture… Georgia Caldera sait trouver des images chocs qui vont hanter vos nuits. J'en redemande!
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