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Critique de ladesiderienne


Ce roman au résumé prometteur me semblait destiné mais mon enthousiasme avait été freiné à la vue du nom de l'auteur. En effet, il y a fort longtemps, je n'avais que peu apprécié "La Règle de quatre" qu'il avait co-écrit avec Dustin Thomason. Malgré cet a-priori, je me suis lancée dans l'aventure et je ne l'ai pas regretté.

Le narrateur Alex Andreou est un jeune prêtre catholique d'Orient. Il vit au Vatican où il enseigne l'étude des Évangiles aux séminaristes. Depuis le départ de sa femme dépressive (sa religion autorise le mariage des prêtres), il élève seul son fils de 5 ans, Pierre. Son frère aîné, Simon, lui aussi est prêtre mais de confession catholique romaine. Il est employé comme diplomate à la Secrétairerie d'État du Saint-Siège. Un lien puissant unit les deux hommes depuis le décès successif de leurs parents alors qu'il étaient encore adolescents. Un de leur ami laïc, Ugo Nogara, conservateur au Musée du Vatican, est chargé d'organiser une gigantesque exposition sur le Saint Suaire de Turin. Il demande l'aide d'Alex pour interpréter les textes saints et notamment ceux du Diatessaron, un ouvrage méconnu qui fait la synthèse des quatre Évangiles, et qui pourrait les éclairer sur l'histoire de la célèbre relique. Mais voilà que quelques jours avant l'inauguration de l'expo, Ugo est abattu d'une balle de revolver dans les jardins de Castel Gandolfo. Le début de l'enquête accuse Simon, le premier à avoir découvert le corps, d'autant plus qu'il avait reçu auparavant un message de son ami, l'informant qu'il avait fait une découverte révolutionnaire sur le Saint-Suaire. Alex va tout accomplir pour faire innocenter son frère et la tâche ne sera pas facile car Simon s'est réfugié dans un silence incompréhensible.
Résumer ainsi l'histoire à une intrigue policière est très réducteur car j'occulte le fait que la réconciliation des Églises catholiques et orthodoxes, tant souhaitée par Jean-Paul II, pape alors en fonction, est en jeu.

Une chose est sûre : j'ai rencontré dans ce livre les mêmes difficultés que lors de ma lecture de "La Règle de quatre", à savoir que Ian Caldwell écrit des romans complexes qui nécessitent une période d'adaptation avant d'entrer dans l'histoire, à moins d'être ici agrégé en théologie. L'écriture n'est pas très fluide et les références aux textes sacrés nombreuses. Mais cette fois-ci, le miracle a eu lieu et je suis tombée sous le charme de cette belle amitié fraternelle entre Simon et Alex. J'ai été émue également par la relation entre un père solo et son fils et par les difficultés qu'il rencontre pour l'élever dans un lieu si particulier. Ian Caldwell entraîne son lecteur dans tous les coulisses du Vatican. Il va y découvrir les habitudes et le protocole de tous ceux qui y vivent, du garde suisse au pape, mais aussi sa justice et toutes ses querelles intestines. L'auteur a fourni un travail considérable sur l'interprétation des Évangiles et sur l'explication du schisme entre catholiques et orthodoxes. Même si c'est la partie la plus complexe, l'auteur a réussi à la mettre à la portée du lecteur lambda. Il dresse également un portrait émouvant de Jean-Paul II. Malgré une santé plus que défaillante, ce pape tentera jusqu'au bout cette réunification qui lui tient tant à coeur.

Vous êtes prévenus, apprécier ce pavé de plus de 500 pages ne se fait pas sans vaincre certaines difficultés (pour admirer la vue en haut d'une montagne, il fait d'abord en faire l'ascension). Mais par la suite, il se révèlera bien plus qu'un simple roman policier. Pour cette surprise inattendue où l'érudition et la science côtoient de belles valeurs humaines, j'accorde 16/20.
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