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Critique de Tachan


Saga qui avait sensation à sa sortie, comme souvent chez Bragelonne quand ils pensent avoir la dernière pépite à la mode, j'ai pour ma part attendu un peu de laisser décanter cela et j'ai eu raison. Car si ce fut une lecture divertissante et aventureuse, assez complète avec un chouette univers et une écriture rythmée, c'est en revanche très classique pour ne pas dire un peu facile.


Premier roman de Justin Call, ce dernier était présenté comme un phénomène à sa sortie à cause de son acquisition par plusieurs pays dès le tome 1. Il compte à ce jour 3 tomes dont le dernier en date Master of the fallen vient de sortir aux États-Unis. Chaque couverture met en scène un très bel oiseau façon écrin et livre bijou avec ses décorations tout autour, mais une belle couverture parfois ne suffit pas et ce fut le cas ici.

J'ai d'abord été enchantée par ma lecture qui présentait des ressemblances assez flagrantes avec nombres de sagas où l'on suit l'apprentissage d'un jeune héros promis à un grand avenir et ceux même si c'est plutôt une sombre prophétie qui l'annonce. C'est un schéma classique qui me plaît beaucoup depuis La roue du temps. Avec son décor très religieux où l'on suit une sorte de congrégation de guerriers qui apprennent tout ce qu'il faut pour lutter sans magie contre ceux qui la possèdent car ils sont vu comme les enfants du diable, c'était original et différent, un alléchant contre-pied. L'apprentissage se déroulait en plus dans un institut plein de mystères où les maîtres des héros portaient différents titres évocateurs comme le Maître des chagrins, celui des Malédictions, de la Furtivité, des Mensonges ou des Châtiments. Garçons et filles participaient à cet apprentissage bien que de manière séparée, les uns prédestinés à devenir des avatars ou des intendants, les autres des sages-femmes, car il est de monnaie courante d'enlever des nourrissons dans les pays voisins pour ensuite les former ici. C'était donc étrangement sombre et dérangeant malgré une allure très bonne enfant portée par les jeunes héros.

En effet, dès le début on sent un je ne sais quoi en décalage dans cette histoire, comme si on ne suivait pas vraiment les gentils, mais des méchants déguisés en gentils, quelque chose que je ne peux qu'affectionner. Je me suis donc fait tout un plan là-dessus. J'ai aimé au début de chaque grande partie plonger dans la mythologie de l'univers à travers le récit du mythe originel des dieux qui ont fini par se fâcher et qui sont à l'origine de la scission actuelle. Cela m'a plu que ce soit ceux possédant la magie qui soient diabolisés et qu'on rejette violemment les handicapés de naissance ou par accident et même les gens défigurés sous prétexte que ce seraient des enfants du diable de ce monde. C'est violent juste comme il faut et ça tranche avec la vertu dont se prévalent les maîtres / mentors de nos héros. C'était donc alléchant.

Malheureusement, l'écriture n'est pas vraiment à la hauteur. Bien que pleine d'allant et d'aventure, la plume de Justin Call souffre surtout d'une grande superficialité : il passe rapidement du coq à l'âne parfois, ses personnages manquent de profondeur, son héros est très très jeune parfois en dépit de son âge et son passé, les relations sont dignes des soap américains et même les retournements de situation, on les voit venir de très très loin. Il y a certes un léger mieux dans les dernières pages et encore, je persiste à avoir l'impression d'être dans un Young Adult voir un titre purement jeunesse quand je vois Annev évoluer avec ses camarades et maîtres / mentors, même dans La roue du temps, qui était bien lourd dans le genre, c'était plus crédible et le summum revient au love interest du héros avec qui l'auteur s'est pris les pieds dans le tapis tant elle est mal écrite...

Ce manque de crédibilité m'a vraiment gâché mon plaisir au bout d'un moment, surtout que le tome est assez copieux et souffre un creux important en plein milieu et un milieu assez long en prime. Il ne suffit pas d'imaginer un univers alléchant, il faut ensuite en faire quelque chose, le développer et pas juste à coup d'allusions à une prophétie, d'artefacts mystérieux et surpuissants, de magies et actions variées pour faire avancer celui-ci à marche forcée. On sent bien trop que certains moments sont propulsés là miraculeusement pour faire avancer l'histoire sans que ça ait vraiment été préparé et sans que ce soit justifié et crédible. C'est donc entraînant mais ça manque de souffle et de profondeur.

Saga annoncée un peu comme une pépite à l'époque par son éditeur et une partie de la blogosphère, Les dieux silencieux se révèle surtout pour moi un divertissement efficace dans son aspect aventure et mythologie mais un peu décevant dès qu'on creuse la dynamique narrative et relationnelle de l'histoire. Les personnages sont creux, l'histoire trop prévisible et facile, ça manque de quelque chose. Heureusement on passe quand même un bon moment et on a envie découvrir ce sur quoi va déboucher cette drôle d'altérité et qui sont les vrais méchants de l'histoire.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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