Ainsi le grand secret de la négociation est de trouver les moyens de faire compatir ces communs avantages et de les faire marcher, s'il se peut, d'un pas égal. Il faut même que le plus puissant de deux souverains qui traitent ensemble fasse les premières avances et les dépenses nécessaires pour acheminer cette union, parce qu'il a en vue de plus grands objets et des avantages beaucoup plus considérables que l'argent qu'il emploie à donner des subsides à un prince inférieur et des gratifications ou des pensions à ses ministres, pour l'engager à l'aider de ses forces et à favoriser ses desseins.
Les fonctions d'un ministre envoyé dans un pays étranger se peuvent réduire à deux principales : l'une est d'y traiter les affaires de son prince et l'autre est de découvrir celles d'autrui.
Il faut non seulement qu'un négociateur ne soit pas sujet à ses humeurs ni à ses fantaisies, mais qu'il sache s'accomoder à celles d'autrui ; qu'il soit comme le Protée de la fable toujours prêt à prendre toutes sortes de figures selon l'occasion et le besoin ; qu'il soit gai et agréable avec les jeunes princes qui aiment les joies et les plaisirs ; qu'il soit sérieux avec ceux qui le sont ; et que toute son attention, tous ses soins, toutes ses passions, et même ses divertissements ne tendent qu'à un seul et unique but, qui est de faire réussir les affaires dont il est chargé.