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Critique de FabtheFab


En février 1945, Inge von Emmerich est la fille d'un des médecins du camp de concentration de Sachsenhausen près de Berlin en charge d'un programme d'expérimentation scientifique de contrôle mental, notamment par hypnose de personnes, afin de les transformer en machines de guerre sans état d'âme et surtout sans souvenir émotionnel susceptible d'altérer leurs capacités meurtrières. Alors que son père travaille au camp de concentration, la mère d'Inge décide de les conduire dans leur chalet familial à l'écart de Berlin grâce à leur chauffeur, Kurt ; à la mort d'Adolf Hitler, elle assassine ses deux fils, Erich et Adolf et se suicide. Inge en réchappe, retourne à Berlin où elle retrouve sa voisine Annemarie violée par les soldats allemands dans la débâcle ; Annemarie était sa voisine et sa meilleure amie à la Ligue des jeunes filles allemandes où elle symbolisait l'idéal aryen, promu par leur cheffe Frau Koch. Inge tente de retrouver son père à Sachsenhausen où elle découvre la réalité du régime nazi. Elle découvre les atrocités des camps de concentration et elle se réfugie auprès d'un cadavre, celui d'Eva Gerst.

En août 1946, Eva Gerst et son amie Brigit Heidelmann fuient Berlin, elles sont prises en charge par Elizabeth Whittlesby, dite Bets, de l'American Friends Service Committee et traversent l'océan Atlantique pour New-York où elles sont hébergées à la Powell House, Eva va faire la connaissance de Mlle Schaffer, la logeuse de la Powell House mais surtout de Jacob Katz, un jeune homme juif américain prêt à tout pour aider Eva sans connaître les buts de cette dernière. En effet, Eva a décidé de retrouver son père afin de le tuer mais elle est à la fois surveillée par les services d'espionnage des Etats-Unis d'Amérique et de l'Union soviétique.

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Sharon Cameron est une autrice américaine à succès. En France, nous la connaissons depuis 2015 avec le diptyque historique Darkwind chez Bayard - En Angleterre, en 1852, Katharine est envoyée par sa tante au manoir de Darkwind, auprès de son oncle Tulman, afin de prouver qu'il a perdu la raison. Celui qu'elle rencontre est un inventeur de génie, assisté de deux compagnons, Lane, son apprenti, et Ben, un étudiant. Prise de doute, elle accepte de rester un mois pour se faire une opinion. , puis La cité de l'oubli : tous les 12 ans ils oublient... pas moi chez Nathan en 2017 - Tous les douze ans, les habitants de Canaan perdent la mémoire et oublient qui ils sont. Ceux qui n'ont pas consigné leurs souvenirs dans leur journal perdent leur identité et deviennent des parias. Nadia, 16 ans, se souvient de ce qu'il s'est passé douze ans auparavant et de la manière dont son père a falsifié les journaux de sa mère et de sa soeur. Elle tente de percer le secret du phénomène. , La lumière dans les combles : roman inspiré de l'histoire vraie de Stefania Podgorska chez Gallimard en 2021 - Inspirée d'un fait réel survenu dans le ghetto de Przemysl pendant la Seconde Guerre mondiale, l'histoire de treize Juifs polonais cachés dans leur grenier par Stefania et sa soeur. Une postface présente des archives, notamment photographiques, relatives à cet épisode.

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Sharon Cameron a voulu un roman historique sur la seconde guerre mondiale et plus particulièrement sur un sujet particulier de l'après-guerre, le projet BlueBird. le projet BlueBird était un programme de la CIA - Central Intelligence Agency - visant à poursuivre les expérimentations médicales menées à Dachau et dans d'autres camps de concentration dans le but de contrôler l'esprit et de fabriquer un guerrier implacable. Nous savons que l'opération Paperclip a conduit les Etats-Unis d'Amérique, dans le contexte de la guerre froide, à transférer aux Etats-Unis mille six cents experts nazis dans tous les domaines de la science afin de poursuivre leur travail après la guerre alors qu'ils étaient coupables d'atrocités et de crimes de guerre. le projet BlueBird était basé principalement sur les expériences de deux médecins nazis, Kurt Blome et Kurt Plötner, visant à scinder la personnalité humaine afin de contrôler une partie de l'esprit d'une personne. Ces deux médecins ont été recrutés par les Etats-Unis d'Amérique après la seconde guerre mondiale, l'un d'entre eux ayant été acquitté au procès de Nuremberg en 1947 à cause de l'intervention de la CIA. le projet BlueBird a continué jusqu'en 1951 où il a été rebaptisé Artichoke et s'est poursuivi avec l'administration de LSD à des citoyens américains non-volontaires. À partir de 1953, ce projet est devenu MK-Ultra tristement célèbre par ses expérimentations sur des prostituées, des membres de gang, des prisonniers et des personnes en situation de handicap psychique. le programme aurait été arrêté en 1973.

Sharon Cameron s'est beaucoup documentée à la fois sur ces programmes de la CIA, Paperclip et BlueBird, sur les camps de concentration et plus particulièrement celui de Sachsenhausen, les Lebensborn, la politique d'Adolf Hitler visant à créer une société pure par l'eugénisme et plus particulièrement en imposant des fécondations de jeunes femmes choisies pour leurs particularités raciales avec des SS d'une part et l'enlèvement à grande échelle d'enfants dans les territoires occupés, enfants dont l'apparence serait aryenne et valide racialement. Elle y ajoute le sujet de la fondation Powell House et l'association, l'American Friends Service Committee venue en aide à toutes les victimes des deux guerres mondiales.

460 pages sur la quête à New-York en 1946, d'une jeune fille qui aurait pu être la fille d'un médecin de camp de concentration durant la seconde guerre mondiale ayant pratiqué des expériences sur des prisonniers.L'intention est noble, c'est un roman d'avertissement à la fois sur les atrocités de la seconde guerre mondiale mais aussi sur les programmes scientifiques des Etats-Unis d'Amérique et de l'Union soviétique au lendemain de la guerre et l'extradition cachée des scientifiques nazis dans les deux camps de la Guerre froide. En voulant mêler trop de thèmes, en multipliant les points de vues, en ajoutant sans cesse de nouveaux personnages peu caractérisés, Sharon Cameron dilue totalement l'action, elle perd son lecteur. En développant une histoire classique afin de garantir à la fois le pacte de lecture du roman pour la jeunesse et un dénouement heureux pour la jeunesse, elle perd totalement l'enjeu du roman, à savoir la culpabilité d'une fille de dignitaire nazi. La multiplication des identités d'Anna Ptaszynska, la petite fille raflée en Pologne avec sa soeur, d'Inge von Emmerich, la fille du médécin de camp de concentration et d'Eva Gerst reste difficile à suivre. Un roman long, délayé, sans aucun souci du rythme romanesque.

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