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Critique de SZRAMOWO


Après la disparition du regretté Camilleri, un recueil bienvenu qui montre s'il en était besoin que le génial auteur sicilien avait encore du gaz sous le pied.
Le fan en mal de nouveautés se régalera de ces 6 nouvelles inédites qui auraient pu donner naissance à 6 romans, tant les thématiques chères à Montalbano sont présentes.
La précision donné dans le titre "et autres enquêtes du jeune Montalbano" nous donne à voir un Montalbano assez radical dans sa méthode pour clore les enquêtes et de faire justice à sa façon, sans s'embarrasser de la morale légitimiste qui laisse parfois la bride sur le cou aux dérives mafieuses.
L'humour de Camilleri nous enchante toujours, qui voit les banquiers comme des requins et les mafiosi comme des hommes d'honneur :
"— Je m'appelle Vittorio Barracuda, dit-il. J'ai beaucoup entendu parler de vous et je suis désolé de vous connaître dans ces circonstances désagréables.
Et il sourit, exhibant deux rangées de dents très exactement semblables à celles du dangereux poisson carnivore dont il portait le nom."
"C'était la confirmation de ce qu'il avait pinsé. La Mafia tenait à lui faire savoir qu'elle n'avait rin à voir avec la tentative de meurtre."
Le recueil commence par une adresse de Serge Quadrupani le traducteur au héros de Camilleri qu'il n'hésite pas à comparer à Maigret pour sa liberté de penser : "À l'instar de Maigret, ton grand ancêtre, tu ne manifestes pas un attachement forcené aux institutions et à leurs règles,"
Avis partagé par le lecteur !
Autres facéties présentes dans chacune de ces nouvelles qui sont la substantifique moelle montalbanienne, les sorties ou les entrées toujours fracassantes de Catarella, "Fernandel informaticien qui regarde (Salvo) comme un chien amoureux de son maître" :
"Catarella l'assaillit dès son entrée.
— Ah, dottori ! Trois fois, il vous appela, M. Sconsolato, qu'y voulait vous parler urgentevitement."
Les thématiques abordées dans chacune des nouvelles sont riches et originales et on imagine sans peine le roman que chacune d'elle aurait pu donner.
Hôtel accueillant des migrants sans papiers, incendié, mari joueur invétéré trustant la fortune personnelle de sa femme et déguisant son enlèvement comme une action de la Mafia, Marins pêcheurs plus que tentés par des activités illicites mais beaucoup plus lucratives que la vente de poisson, logeuse indélicate profitant de la naïveté d'une barmaid à l'activité sexuelle débridée et maîtresse d'un membre de la Mafia, traffic de filles venant de l'Est, comment une supposée allergie aux abricots de la victime permet d'élucider un meurtre et de confondre l'assassin, le voleur honnête aide Salvo à confondre un avocat véreux impliqué dans un meurtre...
Vision d'une Italie qui pour Camilleri, est "(...)destinée à ne jamais changer ses belles habitudes, quel que soit le gouvernement en charge."
Montalbano est là pour veiller au grain et rétablir une certaine forme de justice, sans oublier de sacrifier à la tradition :
"Il se prépara une assiette avec un peu de saucisson, du caciocavallo, du jambon et une dizaine d'olives, se prit une bouteille de vin et emporta le tout sur la véranda. Il fit passer ainsi une heure, puis rentra et alluma la tilévision. On diffusait le troisième épisode de la Pieuvre, une série sur la Mafia qui avait un énorme succès. Il en regarda un bout, on aurait dit que les Italiens venaient juste à l'instant de découvrir la Sicile, mais du pire côté, donc il changea de chaîne. Et là, il y avait Toto Cutugno qui chantait Con la chitarra in mano, prisenté l'année précédente à Sanremo. Il éteignit et revint sur la véranda pour fumer en se tourmentant la coucourde. À cette heure, les chalutiers de Vigàta s'adirigeaient vers leurs emplacements respectifs."
Merci Fleuve Noir pour ce recueil qui compense notre manque endémique de Camilleri !


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