Je la ressens parfois dans la rue, dans mon dos, derrière ma porte. Je l'entrevois, mais je ne la démasque jamais. Une silhouette sans visage. Une âme singulière. Elle est toujours quelque part autour de moi, derrière moi, dans mon ombre, devant moi, en moi… ou simplement dans mon imagination ?
Je ne me souviens de rien. Je ne me souviens ni d'elle ni de nous. Les seuls souvenirs que j'ai sont ceux que je me suis construits avec les mots de tante Claude. Des mots qui m'ont amputée de ma véritable histoire. Des mots disparates. Des mots bruyants. Des mots qui me cognent, qui m'agressent. Des mots. Simplement des mots. Anna n'est plus qu'un mot.