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Critique de BazaR


Lenocherdeslivres et Patlancien ont récemment enfilé leurs habits d'explorateurs de l'Ouest et défriché cette novella de Jack Campbell. Moi j'arrive avec ma caravane sur un terrain sécurisé où je n'ai plus qu'à construire ma cabane. Merci les gars !

Jack Campbell, je n'ai encore rien lu de lui. L'an prochain je lirai probablement La Flotte Perdue qui attend sagement dans ma PAL. Cependant je rate rarement l'occasion de découvrir un auteur via un texte court.
Ici pas de SF spaceoperesque, mais une uchronie sans magie ni gadget, une histoire à la « Et si… » où l'auteur remixe les forts clivages qui déchiraient les États-Unis d'Amérique au 19ème siècle et qui ont mené à la guerre de Sécession.

Pas de sécession dans ce monde. A la place, il apparait que les riches planteurs du Sud et les riches industriels du Nord ont profité d'un terrain législatif favorable instauré par le président John Adams pour monopoliser le pouvoir législatif, judiciaire et militaire. On se retrouve avec sur les bras une « république » autoritariste du type de celles qu'on trouve à foison à notre époque : parodies de justice par des tribunaux militaires expéditifs, délation, droits du citoyen sévèrement restreints, presse censurée, etc. Mais des hommes refusent cet état de fait, s'expriment contre ces écarts à la Constitution, s'organisent militairement et, finalement combattent pour rétablir l'esprit des origines.
Une autre guerre civile donc, mais pas une guerre de classe car les rebelles sont surtout dirigés par d'anciens de West Point. C'est finalement assez manichéen. D'un côté une oligarchie d'exploiteurs tyranniques favorables à l'esclavage et à l'exploitation à outrance des pauvres, de l'autre des partisans de la Liberté avec un grand « L». On est plus proche de l'esprit de la guerre d'Indépendance.
Sans entrer dans les détails, la novella se centre sur un moment charnière, sur une bataille mettant en scène peu de combattants mais qui, si elle est gagnée, renforcera les chances de la rébellion, lui permettra de se structurer. Les rebelles qui restent pour le combat sont dans l'état d'esprit des Spartiates des Thermopyles ou des Américains de Fort Alamo, mais le rapport des forces n'est pas autant en leur défaveur.

Si j'ai trouvé les discours des rebelles souvent un peu trop « too much » dans l'insistance de leur volonté de lutter pour les valeurs fondatrices des États-Unis – du genre : « Si tous les hommes de bien et d'honneur s'unissaient pour exiger du gouvernement et de l'armée qu'ils obéissent à la Constitution et renoncent à leurs politiques tyranniques, alors cette nation redeviendrait une république d'hommes libres. » – j'ai trouvé le casting rebelles formidable. Ce sont tous des hommes, la plupart militaires, ayant existé et combattu pendant la guerre de Sécession. Là où dans notre monde ils étaient répartis dans les deux camps, ils font ici cause commune. Cela vaut la peine d'aller voir leurs biographie sur Wikipedia, vous trouverez même des photos portraits.
J'ai aussi apprécié l'aspect historique de ces débuts du jeune État américain. J'ai découvert ces lois controversées de John Adams sur les étrangers et la sédition, ainsi que les partis de l'époque : fédéraliste d'un côté et démocrate-républicain de l'autre (oui, les deux mots associés, ça surprend).
Jack Campbell révèle sa connaissance du monde militaire dans le récit de la bataille, très tactique, haletante, révélant toute l'astuce et l'imagination des rebelles et la vision trop conservatrice de l'armée officielle.

Bref un récit agréable, haletant, peut-être volontairement manichéen pour pouvoir être traité rapidement, et riche en éléments historiques. Il y manque tout de même des femmes.

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