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Critique de Ziliz


Pour un gamin en vacances, il y a des perspectives plus réjouissantes que d'aller s'enterrer à la campagne chez un grand-père qu'on connaît à peine. D'autant qu'il semble plutôt rugueux, le bonhomme...
Roméo va devoir se passer de télé pendant une semaine chez ce pépé pas marrant, jardiner et s'occuper de Mussolini, le cochon. Ces activités rapprochent finalement l'enfant et le vieil homme, qui se laisse aller peu à peu à des confidences sur son passé : son enfance, la guerre, la famine, l'exil en Belgique, le travail dans les mines de charbon, les espoirs déçus...

■ « Grand-père, c'est vrai que tu as fait la guerre du côté des Allemands ?
- Oui.
- Mais ils ont tué les Juifs et attaqué tout le monde !
- Mon avis, on ne me l'a pas demandé. J'étais Italien et les Italiens se sont battus avec les Allemands. Vingt ans, j'avais... Mussolini, il m'a collé le fusil dans les mains et m'a dit où tirer, basta !
- Qu'est-ce que le cochon vient faire là-dedans ?
- Mussolini était le chef des Italiens. Il s'est rallié à Hitler pendant la guerre. Depuis, tous mes porcs s'appellent Mussolini !
- Et des gens, grand-père, t'en as tué beaucoup ?
- ... [long silence, le vieil homme s'éloigne, revient]... Oui. »

Très bel album sur les relations entre les enfants et leurs grands-parents, sur la difficulté de communiquer en famille, et sur les émigrés italiens venus travailler dans les mines belges après la seconde Guerre mondiale.
Tendresse, émotion, beaux sentiments pas gnangnans ni formatés, et jolies couleurs. J'ai trouvé les visages ingrats, mais malgré tout formidablement expressifs et les grands yeux du petit Roméo superbes - reflétant bien son intelligence et sa sensibilité.

L'ouvrage s'ouvre sur une préface intéressante du chanteur Salvatore Adamo. Il évoque en deux pages ses aïeuls siciliens, sa propre jeunesse heureuse en Belgique « grâce à l'amour indéfectible de [ses] parents qui ont réussi à occulter à [ses] yeux la misère de [leur] vie d'alors. »

En postface, la genèse de l'album. On y apprend que l'histoire a d'abord donné lieu à un spectacle de marionnettes pour enfants, et que la version BD s'est doucement orientée vers un public adulte.

Jolie conclusion de Vincent Zabus : « [...] je crois qu'il ne faut jamais figer une histoire mais la laisser se patiner, la garder vivante, trouver chaque fois un peu plus ce qui est au coeur de son sujet et développer ce qui la relie aux préoccupations profondes des auteurs qui la travaillent. » Perfectionnisme et maturation qui me semblent faire défaut aux stakhanovistes de la parution BD...

• Merci Magi ! Relecture encore plus savoureuse une semaine après première découverte.
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