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Critique de fanfanouche24


"Je passe tout en revue et le voilà, accompagné d'un serrement de ventre : un signe de mon père. Son écriture. Je reconnais immédiatement la calligraphie aux traits nerveux, larges et serrés, qui ressemble à la mienne. (...) Ce sont ses poésies.
Renato a souvent eu ce geste de me léguer une partie de sa production poétique. (...)
Je prenais ces feuilles avec une tempête dans le coeur, je sentais à quel point ce geste était intime. Peut-être le plus intime qui pouvait exister entre lui et moi; c'était une tentative , une demande d'écoute, d'aide, de partage de ses sentiments, de sa vie, de ses souvenirs." (p. 36-37)

Première lecture de cette auteure italienne, que je découvre avec ce texte attachant, désopilant et bouleversant à la fois...
Même si il est imprimé "Roman" sur la couverture, la narratrice, se prénomme aussi "Rossana" et ce texte paraît des plus personnels et intimes. Hommage magnifique à Renato, le père qui vient de mourir, et l'auteure exprime son chagrin, le sentiment violent du "manque", de la perte irrémédiable... Et pourtant son père pouvait aussi être insupportable, buvait, disait des gros mots, tout cela contrebalancé par de la drôlerie, de la fantaisie, de la tendresse, un grain de folie et la rebellion chevillée au corps....
"Depuis toute petite, j'ai perçu ces différents aspects de mon père, son extrême fragilité, ses blessures et en même temps la force vitale qui le sauvait toujours, au mépris de tout et de tout le monde" (p. 128)

Amour, complicité joyeuse entre une fille et son père...Père différent, marginal, ayant commencé à boire pour atténuer une tristesse , un mal-être intérieur, des angoisses brusques... même si il aimait sincèrement sa femme, ses enfants... Il restait aussi les traumatismes de la guerre, de la pauvreté des migrants, etc.

Un style et un ton , à l'image de ce père tant aimé: vivant, familier, direct, truculent... de nombreux dialogues pour évoquer les souvenirs d'enfance, et les moments avec ce couple, ces parents aimants , et atypiques...

"J'arrête de filmer et je pense à ces deux cinglés, ces deux êtres joyeux, tristes, fous, inquiets, bordéliques, indécis, éternels migrants: mon père et ma mère. "(p. 26)

"Parfois je me suis repassé dans la tête le film de mon enfance, j'ai ressenti tout ce qu'a signifié pour moi avoir mon père pour père. La joie, l'ouverture, l'anarchie, la tendresse, la force d'être différents, et en même temps
l'autre côté de la médaille; la peur, l'angoisse profonde d'être ce que nous étions, différents des autres, de ne pas être du côté des -normaux-"(p. 151)

Une très touchante lecture , remplie aussi de vitalité , de joie et de fantaisie...et d'une reconnaissance envers ce père différent...qui écrivait de la poésie, dont l'auteure est très consciente de lui devoir son propre besoin
d'écrire...

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