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Critique de katell


J'apprécie beaucoup la littérature jeunesse et jeunes adultes, un domaine toujours inventif et surprenant. Aussi, quand « Masse Critique » a proposé parmi de multiples titres, aussi intéressants les uns que les autres, « Le pays qui descend » de David Camus, que je ne connaissais pas du tout, je me suis mise sur les rangs.

Li, quinze ans, vit dans le village de Cent-Maisons (et pas une de plus) sur le Vertical, une montagne tellement grande et haute qu'on n'en voit ni le haut et le bas. Li est blonde aux yeux clairs alors que les habitants du village sont tous bruns. Li est une enfant trouvée, un soir de blizzard, et adopté par Tokamak et Okami, son épouse. Ils viennent de perdre leur fils unique, Jubal, qui est tombé, accidentellement, dans le Vide. Li est une étrangère, une Sans-Nom, presqu'une paria. D'ailleurs, elle n'a pas le droit d'étudier plus que nécessaire et encore moins de se préparer auprès de Maître Babackas et des Pionniers pour le Grand Voyage. Cependant Li est appelée par Babackas pour s'occuper des bouquetins, montures idéales pour l'aventure en montagne, tandis qu'il dispense son enseignement à ses cinq Pionniers … à croire qu'il a décelé en elle le petit quelque chose qui fait d'elle un être à part, lui permettant, ainsi, de profiter de ses leçons.

L'univers de Li bascule le jour où les Transhumants, venant d'en-haut, arrivent au village. Ils amènent avec eux fanatisme et violence au point que le chaos s'empare de Cent-Maisons (et pas une de plus). Entre les Plongeurs du Vide qui se lancent, exaltés, s'envolant en pleine extase vers le Bas, et Eribus, le Gouru sanguinaire des Transhumants, voulant offrir Li en sacrifice au Vide, cette dernière n'a plus qu'une seule issue pour sauver sa vie : rejoindre, sans bâton de pèlerin, les Pionniers prêts à partir pour le Grand Voyage. C'est que dans ce monde issue de la Grande Catastrophe qui vit l'humanité se réfugier dans cette montagne gigantesque, il est impossible de monter, non, il est impératif d'envoyer ses enfants descendre vers le Tout-en-Bas et ne jamais revenir, pour améliorer le prestige de la famille. le graal est de parvenir au pied de la montagne afin que les hommes rejoignent la terre ferme.

Li et les Pionniers partent en quête du Tout-en-Bas, portant les espoirs des leurs et ceux de l'humanité condamnée à vivre dangereusement sur les pentes de la montagne. Une aventure dangereuse les attend avec des rencontres aussi épouvantables que joyeuses avec la faune des pentes et les communautés inconnues qui y sont accrochées.

David Camus m'a entraînée avec son écriture rythmée, ses dialogues et ses descriptions d'un monde imaginaire original, dans une quête mystique au cours de laquelle les jeunes héros se perdent et se retrouvent, grandis par les tourments vécus, les dures réalités d'un monde sans pitié et l'ancrage inamovible dans une solidarité et une amitié à toute épreuve. « Le pays qui descend » est le premier volet d'un diptyque de roman d'initiation à la saveur d'une enfance qui laisse place au passage à l'âge adulte. La quête, a priori impossible, est ce rite de passage obligé, mêlant douceur, regrets, nostalgie, cruauté et espérance.

Les personnages ont une réelle profondeur, de celle qui fait que j'ai pu les accompagner sans m'ennuyer une seconde. Ils m'ont fait peur, ils m'ont fait rire et pleurer. Je les ai aimés ou détestés, ils m'ont touchée, émue par leur monde qui ne les épargne pas. Les retrouvailles improbables avec Jubal dans un décor post-apocalyptique d'une arène romaine, sont terrifiantes et épiques : au cours d'un combat pour la liberté, Li comprend qu'elle appartient à la lignée régnant sur Cuzco, la ville d'en-Bas, celle qui empêche les pèlerins de réussir leur quête et les réduit en esclavage. Cuzco, aux accents terribles de conquête violente et de trésor à trouver, ville steampunk entre technologie apprise tant bien que mal des manuscrits tellement anciens qu'on se demande à quelle civilisation disparue ils appartiennent, et ambiance antique, est le coeur d'un absolutisme cruel, destructeur et obscurantiste, donnant la part belle à la société dominante. Cuzco et ses machines volantes a-t-elle l'ambition de monter au sommet de la montagne ?

Li n'est pas au bout de ses surprises... et si elle était l'élément manquant d'un puzzle incroyable ? Et si la quête ne s'arrêtait pas une fois le Tout-en-Bas-Tout-en-Bas atteint ?

Je remercie Babelio, Masse Critique et les éditions Laffont pour cette lecture trépidante.
Lien : https://chatperlitpopette.wo..
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