Toi, étranger, qui bouscule la sécurité de mon quotidien,
Je te hais
Toi qui ne pense pas comme je pense, toi, absent et sans larmes au procès de mes pairs,
Je te hais
Toi l'errant, le marginal, l'ombre inquiétante au fond de la ruelle malpropre,
Je te hais
Toi le miroir, réfléchissant le vide de ma vie de boutiquier,
Je te hais
Toi, l'amoureux du soleil sans ombres, des mots vrais sans esthétique,
Je te hais
Toi le suspect, l'accusé, le déjà condamné, toi le christ en croix donneur de leçon, qui me jette au visage ma faible condition d'homme,
Je te hais
Toi,
L'Etranger, intemporel poil à gratter, insupportable moi-même,
Je te hais, et ta lecture me hante, irrationnelle et brutale…
« Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »