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Critique de athena1


Sociopathe ou simplement blasé, voici les termes qui me sont venus à l'esprit pour qualifier notre personnage. Et quand bien même ce dernier accomplira un meurtre, je ne peux me résoudre à penser que ce geste soit celui d'un être agressif. Par conséquent, le comportement de Meursault m'évoque celui de ces êtres que l'on dirait comme de passage sur notre terre. Ceux qui déchaînent les foules parce que trop décalés dans leurs émotions, ceux dont le simple désir de mesure dans leurs sentiments, de discrétion dans leur propos les rend coupables aux yeux de leurs congénères...
A celui qui pense avoir tout saisi du roman de Camus, je dis qu'il fait erreur . Parce qu'à bien y regarder on y voit de nombreuses significations, et ce à tel point que chacun peut avoir une lecture différente selon son propre vécu. Camus nous dresse donc le portrait d'un être bien fade à première vue mais avec quelle écriture ! : ce soleil baignant notre scène de lumière, cette mer qui ne cesse de scintiller... à tel point que comme notre personnage j'ai vécu ce meurtre comme un rêve, comme lui j'ai eu chaud, comme lui mon regard a quelque peu vacillé... Mais de quoi condamnera-t-on Meursault, d'avoir tué un homme ou de n'avoir pas fait l'effort d'exprimer son repentir comme nous le ferions tous. parce que ce n'est pas d'avoir tué que notre personnage est incriminé mais c'est surtout de n'avoir pas eu la finesse de simuler ses émotions, d'avoir cru que la franchise émotionnelle ne ferait pas de vagues, de n'avoir pas pris part avec cette grande comédie humaine où nous avons tous un rôle, d'avoir cru qu'il n'était pas nécessaire de sur-jouer pour obtenir gain de cause...
Mais l'étranger ce n'est pas uniquement Meursault c'est aussi cet appétit de vivre qui naît lorsqu'on est condamné, c'est de se demander ce qui nous stimule et de se dire que c'est bien lorsqu'on peut tout perdre qu'on apprécie le goût des choses passées... Enfin c'est quelque part aussi une esquisse sur la justice des hommes qui parfois s'égare quelque peu des faits pour devenir subjective.. parce que dans justice il y a juger, et dans le jugement il y a souvent aussi une bonne part d'appréciation.
J'ai lu ce roman il y a une quinzaine d'années et je crois avoir compris, encore aujourd'hui, que pour certaines lectures il faut avoir un peu vécu.
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