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Critique de gerardmuller


La guerre des salamandres /Karel Čapek
Une fois l'ancre de son Kandong Bandoeng mouillée devant la petite île de Tana Masa située sur l'Équateur à quelques milles à l'ouest de Sumatra, le capitaine van Toch, après avoir râlé sur ce coin sinistre peuplé de sauvages Bataks, s'informe discrètement auprès du seul métis de l'île, un cubain-portugais, des possibilités de se procurer des perles, faisant toutefois officiellement commerce d'huile de palme. le métis lui indique une baie, Devil Bay, où personne ne va et où les huîtres perlières doivent abonder. Seulement, tous les indigènes disent que l'endroit est peuplé de petits diables marins et de requins.
Il n'en faut pas plus à van Toch pour tenter une expédition vers Devil Bay. Avec son équipage et deux plongeurs cingalais, il fait route vers la baie à la mauvaise réputation. le premier plongeur ramène rapidement quelques huîtres contenant des perles, mais revient rapidement comme terrorisé, après avoir vu des petits diables ressemblant vaguement à des phoques et se déplaçant comme des pingouins, alors que le second a été attaqué et blessé par un requin. Les faits sont corroborés par Jensen membre de l'équipage qui suit les plongeurs dans un canot, et rapportés à van Toch qui, le lendemain fait route vers Padang sur la côte de Sumatra où il fait envoi vers Amsterdam d'un petit paquet assuré pour une somme considérable. Il recrute un Dajak de Bornéo tueur de requin au couteau et retourne vivre à Tana Masa.
La suite est racontée soit par van Toch, soit par divers intervenants faisant de van Toch une légende qui aurait apprivoisé les « lézards » comme il les appelle, afin de récolter les huîtres perlières et faire sa fortune, grâce aussi à Shark le Dajak qui va faire un massacre au sein de la population de requins, facilitant le travail des « lézards ».
Et van Toch veut aller plus loin : une fois le site de Devil bay épuisé, il veut se déplacer avec ses « lézards » en aménageant un navire affrété avec l'aide de promoteurs et continuer sa récolte de perles.
Peu à peu l'espèce de salamandre va proliférer et essaimer parmi les îles de la région. Elles vont acquérir des facultés étonnantes et faire la gloire du zoo de Londres qui a réussi en s'en procurer quelques-unes. le monde va aller de surprises en surprises et les scientifiques s'en mêlent pour expliquer cette évolution ou mutation de la salamandre miocène. Selon leur théorie, c'est un lac salé d'Australie isolé qui serait le berceau de cette espèce qui mena ainsi une existence sporadique jusqu'à ce que l'on en capture deux sujets (des documents en attestent), qui finirent par s'échapper pour finir par réaliser une résurrection évolutive en d'autres lieux et notamment à Tana Masa.
Quoiqu'il en soit, lés salamandres rendent bien service et l'élevage intensif se développe un peu partout en bord de mer et un trafic et commerce illégal s'instaurent qui échappe aux autorités. À présent, il est certain que l'avenir des Travailleurs de la Mer, comme on appelle les salamandres, semble assuré pour des siècles.
Plus on avance dans cette histoire plus on songe à la traite des esclaves noirs dans les siècles passés. Et cela va même plus loin puisqu'une distinction va apparaitre entre peau noire originelle et peau plus claire de salamandre plus évoluée, une mutation apparue en Allemagne. le top de la civilisation salamandrienne, c'est la salamandre nordique, claire et droite au crâne plus allongé… !
Plus de vingt milliards de salamandres dans le monde vont finir par poser des problèmes et la révolte gronde des deux côtés, humain et salamandrien avec des expéditions punitives de chaque côté ! Les salamandres vont peu à peu grignoter l'espace vital de l'Homme, car elles ont su laisser de côté tout ce que la civilisation humaine comporte de gratuité, de jeu, de fantaisie, et n'en ont adopté que le côté pratique, technique et utilitaire, pour offrir une piteuse caricature très prospère de notre civilisation. Et le bonheur alors ?
Jusqu'où iront-elles ?
Une uchronie étonnante et originale pleine d'imagination publiée en 1935, une fable, une parabole tout à la fois pleine d'humour et de malice, une fresque parfois burlesque, une parodie des genres, une allégorie de l'homme sans aucun doute.
Il faut reconnaître que la lecture des 400 pages de ce livre est rendue délicate pour ne pas dire fatigante pour les yeux par les changements fréquents de police, souvent minuscule dans la deuxième partie, se rapportant à des encarts, des digressions souvent parodiques concernant diverses remarques sur les salamandres.
Malgré cette remarque restrictive, un très bon livre d'aventures et de réflexions.


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