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Critique de Zebra


Zebra
16 décembre 2012
Le livre d'Ernest Capendu s'intitule « Le Tambour de la 32ème ». Il s'agit en fait d'un livre écrit en référence au 32ème régiment d'infanterie de ligne (le 32ème R.I.), unité de l'armée française. Avant de s'appeler ainsi, ce régiment s'était appelé régiment de Bassigny (de 1776 à 1791), puis 32ème demi-brigade d'infanterie de ligne (en 1796). Formé à partir de 3 unités distinctes (les 21ème, 188ème et 129ème demi-brigades de bataille), le 32ème était réputé avant le 1er Empire pour être une unité d'exception. Bonaparte aurait dit après la victoire de Lonato (Italie, 1796) : « J'étais tranquille, la brave 32ème était là ! ».

Le Tambour de la 32ème, un livre consacré à la vie militaire avant le 1er Empire ? Non, point ! Alors, un ouvrage consacré à la vie et aux exploits du 32ème ? Que nenni (les lecteurs intéressés par un ouvrage de ce type pourront lire le « Résumé historique du 32ème de ligne », écrit - près d'un siècle après le contexte du roman de Capendu - par le capitaine Doyen en 1875 ou, bien mieux, plonger dans les « Souvenirs intimes d'un volontaire de 1794 », témoignage publié par la Réunion des Officiers) ! Vous avez en fait entre les mains un roman « de cape et d'épée » dont l'amour et l'héroïsme constituent le carburant principal. Dans ce roman, il n'est pas toutefois pas question de capes et d'épées mais de soldats enthousiastes, obéissants et courageux, de corsaires français faisant sur les côtes d'Italie les rapines nécessaires à l'approvisionnement d'une armée Française fortement sollicitée par son général en chef (Bonaparte), d'une Venise officiellement neutre mais en réalité hostile à la France, et de nobles émigrés dont les biens confisqués par les révolutionnaires attiraient toutes les convoitises et présidaient à tous les complots.

Et c'est bien de cela dont il s'agit. Par-delà les maraudes et les exploits de nos chers militaires (Rigobert Rossignolet, tambour-major au 32ème, Bibi-Tapin, son élève, Gringoire et Torniquet, deux soldats émérites), par delà l'odeur acre de la poudre et le bruit des balles, c'est bien de complots et de trahisons dont il est question : le Tambour de la 32ème est un vrai dédale d'intrigues. Jugez plutôt : Camparini souhaite récupérer les millions des Niorres, ceux des d'Horbigny, et ceux de la baronne de Sarville (page 239). Les millions de la baronne de Sarville ont été légués à Uranie et à Lucile de Cantegrelles par un premier acte authentique de la baronne. Par un second acte, Lucile a été écartée de la succession et Uranie déclarée seule héritière de la baronne. Celle-ci n'avait pas émigré, donc ses biens n'avaient pas été confisqués. La baronne meurt sans changer son testament. Camparini enlève Uranie ainsi que son prétendant, le comte de Signelay puis il exerce un chantage sur Uranie, déclarant qu'il tuera son prétendant si elle ne renonce pas à l'héritage à son profit : Uranie cède. Blanche de Niorres ayant refusé son propre héritage, les millions des Niorres reviennent de droit à la fille du comte d'Adore : la fille étant décédée, la fortune revient à un cousin germain qui n'est autre que le comte de Signelay. En menaçant Uranie de tortures et de mort, Camparini est certain de s'approprier les millions tant convoités. Mais concernant les millions d'Horbigny, il y a comme un os : Bibi-Tapin (cf. plus haut) est le petit-fils du défunt. Mineur, l'enfant est sous la protection de Maurice Bellegarde, le héros du Tambour de la 32ème. Il faut donc que Camparini tue l'enfant pour que son protecteur hérite du magot. Or Maurice Bellegarde aime Lucile, donc … A vous de trouver la suite !

Le scénario (cf. plus haut) est plutôt bien construit. Il n'y a pas grand effort de recherche dans l'écriture : les chapitres sont courts, calés sur les rebondissements de l'intrigue. Il y a un réel suspense (la fin est admirable) dans cet ouvrage que j'ai trouvé assez original (même si le lecteur est parfois désarçonné par les liens familiaux existant entre certains personnages) et qu'on garde en mains jusqu'à la dernière page (vous avez dit addictivité?). Les personnages sont bien vivants, riches en couleurs, fortement typés (à l'excès?) et aux caractères bien tranchés. La description des lieux (province Française et Italienne) est précise : les festivités paraissent filmées. le style est cependant vieillot (l'ouvrage a été écrit en 1869) et assez simple (de la naïveté, de la sensiblerie). Quelques subjonctifs et quelques invraisemblances émaillent le récit.

Quel but poursuivait Ernest Capendu en écrivant « Le Tambour de la 32ème » : rendre la vie aux glorieux fantômes du passé ? Je ne le pense pas. de mon point de vue, avec une verve et un sens du mouvement et de l'observation assez développés, l'auteur nous a livré un roman policier agrémenté de faits d'armes et de références historiques assez exactes. Les passionnés d'histoire y trouveront des références aux Incroyables et aux Élégants, à la Terreur et aux révolutionnaires, au jacobinisme, au pillage des châteaux de province, … Les passionnés d'intrigues et les détectives en herbe y trouveront matière à exercer leur talent, d'autant que la fin risque de les surprendre quelque peu (je n'en dis pas plus) …

Bref, un ouvrage sans prétention mais plutôt agréable à lire !
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