AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JIEMDE


Oh le beau roman que voilà ! Assez inclassable, mais sans aucun doute réussi.

Un souffle, une ombre, de Christian Carayon retrace l'enquête au long cours de Marc-Edouard Peiresoles, prof d'histoire émérite de l'Université de Toulouse en manque de motivation professionnelle, qui va se lancer sur les traces d'une affaire sanglante ayant endeuillé et marqué à jamais le village de son enfance il y a plus de 20 ans. Une affaire trop vite résolue - et finalement irrésolue - qui aura traumatisé de nombreuses familles, voire une région toute entière. Pour l'intrigue, ce sera tout. Aller plus loin serait spolier. Et spolier c'est voler… du plaisir de lecture.


Côté intrigue, Carayon fait fort. Son roman se déroule comme une enquête journalistique qui pourrait être basée sur un fait divers réel, ce dont il se dédouane en postface : le « factuel » y est privilégié, méthodique, détaillé, précis. Ce qui est cohérent : son héros n'est il pas historien après tout ? Peu de coup de théâtre chez Carayon, d'artifices de fin de chapitres qui tombent à plat façon page-turner. La durée, le parcours, le cheminement du lecteur aux côtés de Peiresoles ont la part belle et l'empêchent d'avancer plus vite que de raison.

Et ce d'autant plus qu'Un souffle, une ombre est un vrai roman d'atmosphère, un genre qui n'existe pas et qui ne veut rien dire mais que les lecteurs comprendront. L'attention portée par l'auteur à la description des lieux, des paysages, des hommes compte autant dans l'attachement qui naît peu à peu autour de l'intrigue que l'intrigue elle-même. Carayon est historien et géographe, et cela se sent. Mais il est surtout passionné – amoureux ? – de ces territoire, de ce pays des Monts d'Autan, ce no-man's land perdu entre Toulouse et Montpellier, que nul qui n'y soit allé ne peut situer, que tous ceux qui y sont passé ne peuvent oublier.

Et c'est là que la magie opère : le rythme de l'enquête de Peiresoles est inégal, plutôt lent au début, au risque de procurer quelques angoisses au lecteur constatant après 100 pages qu'il lui en reste encore 435 à lire. Mais rapidement, cette ambiance, cette atmosphère si spéciale voulue par l'auteur s'impose au lecteur, qui s'y trouve pris au piège malgré lui. Et la lecture devient délice… Tout entre alors en cohérence : l'enquête, l'histoire personnelle de Peiresoles évoquée à travers de nombreux flash-backs, ses peurs et angoisses personnelles ou professionnelles, ses amours, vains autant qu'enflammés, ses regrets…

Un beau roman, assez inclassable donc. Mais qui gagne à être découvert et dégusté.

Un grand merci donc à Babelio et à Fleuve Noir pour cette découverte.


PS : un petit – mais gentil - coup de griffe quand même : le titre comme la couverture sont malheureusement sous-vendeur pour un livre de cette qualité.
Commenter  J’apprécie          312



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}