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Critique de Antyryia



Tout d'abord, merci aux éditions fleur sauvage et à Armelle Carbonel de m'avoir fait parvenir ce nouveau roman quelques jours avant sa sortie officielle, qui plus est avec une belle dédicace.
Dès réception, je me suis précipité sur ce Majestic Murder qui m'attirait et ... le charme n'a pas opéré.

Oubliez totalement Criminal Loft. Enfin, tout comme celle de son prédécesseur l'histoire de Majestic Murder se déroule en Amérique ( dans différents quartiers de Saint Louis, dans le Missouri ) d'où probablement son titre à nouveau anglophone et nous présente un nouveau huis clos, un nouveau spectacle également, mais dans une version beaucoup plus intimiste ( difficile en même temps de faire moins intime que la télé-réalité ).
Et une allusion est faîte au personnage de John Natas, "sociopathe notoire", comme un petit clin d'oeil aux lecteurs.
Mais finalement, pour ceux qui connaissent les précédents romans de l'auteur, on est ici beaucoup plus proche des marais funèbres puisqu'il est à nouveau question d'une macabre représentation, d'un compromis grinçant entre horreur et thriller.

Ce roman nous raconte l'histoire de Lillian, ancienne actrice vivant désormais dans un entrepôt abandonné qu'elle surnomme "le royaume des désoeuvrés". Dans ces bas fonds où règne alcool et drogue, elle sera sauvée d'une tentative de viol par un dénommé Seamus, un homme "enjôleur, ténébreux, séduisant, mystérieux".
Celui-ci va s'apercevoir rapidement que la comédie est une véritable vocation pour Lillian. Quand il trouvera un prospectus sur lequel est mentionné qu'une troupe de théâtre embauche deux acteurs pour jouer une pièce inédite, ils iront tenter leur chance au Majestic, un vieux théâtre abandonné. Ils feront connaissance d'Allan "l'extravagant balâfré au charisme incontestable" qui leur fera passer une audition, puis du reste de la troupe : Clark le machiniste, Maddy la couturière et intendante et Sarah l'accessoiriste.
Ils seront embauchés, nourris, logés et auront une semaine pour répéter leur spectacle répondant au doux nom de "Au commencement était la mort".

Majestic Murder est un hommage à Shakespeare et à Peg Entwistle.
Le célèbre dramaturge anglais est à l'honneur avec un roman construit comme une pièce de théâtre ( avec actes, scènes et entractes ), une couverture qui fait référence à Hamlet, des citations au début de chaque partie qui sont extraites de ses oeuvres ou encore le personnage de Lillian qui le cite sans arrêt, clamant des répliques qu'elle connaît par coeur. Outre Hamlet, on retrouve des références à des oeuvres comme Roméo et Juliette, Antoine et Cléopâtre, Macbeth ou les deux gentilshommes de Vérone.
Je ne connaissais en revanche pas Peg Entwistle, que Lillian va devoir incarner pour l'étrange troupe. Il s'agit d'une actrice américaine du début du siècle qui a d'abord joué dans des pièces de théâtre comme ... Hamlet. Et qui verra sa carrière d'actrice rapidement brisée par les critiques. Elle se suicidera en se jetant du H d'Hollywoodland ( devenu Hollywood en 1949 ) à l'âge de 24 ans.
De nombreuses références sont également faîte à la chanteuse de jazz Mildred Bailey, et une atmosphère musicale rétro baigne régulièrement le roman.

Je me suis régalé avec le premier acte et ensuite, je me suis perdu. Ou l'auteur m'a laissé sur le bord de la route.
Egarer le lecteur paraît d'ailleurs être le principal objectif d'Armelle Carbonel. Une fois que nous disposons de tous les tenants et aboutissants on se rend compte que l'intrigue est au final relativement simple, mais mon impression a été que tous les moyens étaient bons pour la complexifier. Tous les personnages s'avèrent donc à plusieurs facettes. Très vite, on apprend que Seamus est schizophrène et probablement dangereux. On devine l'addiction aux stupéfiants de Lillian n'en fait pas un personnage très honnête non plus. On se doute que si la compagnie théâtrale est surnommée la compagnie des fous, c'est parce que chacun de ses membres n'est pas exactement sain d'esprit. Dans ce tableau seul l'inspecteur Liéger, à la recherche d'un serial killer, paraît fiable.
En général, j'aime bien être manipulé et j'admire après coup le génie de l'auteur mais ici ... on sait d'emblée qu'on est dans l'illusion avec un énorme vernis de secrets, de mensonges, de simulacres et de démence.
"Parquer les individus en deux catégories distinctes - les méchants et les gentils - me paraît simpliste. La réalité est plus complexe... " résume assez bien que dans ce livre, le lecteur ne peut se fier à personne.
Ce qui a rendu impossible l'identification à des personnages exagérément meurtris dont la psychologie est à peine esquissée. Pas d'empathie, pas d'attachement, et donc pas d'implication. Je n'ai jamais cru à ce que je lisais.
J'ai fini par me désintéresser des rebondissements, noyé en quelque sorte dans un brouillard d'informations et d'évènements difficilement compatibles tant que l'auteur n'en n'a pas décidé autrement.
Quant au style, il a également contribué à ma sensation d'être mis de côté. le livre est bien écrit mais la qualité de l'écriture soignée ( elle l'est bien davantage que dans les précédents romans ) fait aussi perdre en fluidité et additionnée à des protagonistes toujours trop ambiguës, j'ai du relire certaines phrases voire certaines pages à plusieurs reprises pour tenter d'assimiler les informations éventuelles.

Pour toutes ces raisons, ce fût une lecture finalement assez laborieuse et peu captivante à l'exception de la première partie et du grand final, quand tout s'imbrique enfin.
Cette opinion n'est évidemment qu'un ressenti personnel et je ne peux que vous encourager à vous faire votre propre avis en lisant ce thriller baroque.
Et ça ne m'empêchera pas de lire les futurs romans de la nécromancienne.
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