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Critique de Dandine


Je continue, apres "Le quai des brumes", a me promener dans des paysages embrumes et tristes. Ici c'est dans un port belge. Beaucoup de pluie, beaucoup de vent, beaucoup de neige. Plus de neige que de brume. Plus de blanc que de gris, mais je me trompe, car ici aussi la neige a vite fait de se salir, on y a repandu des cendres pour ne pas glisser, elle n'a plus de blanc que le nom ou le souvenir.


Ce sont surtout les personnages qui sont brumeux. Peu d'ames nobles, entourees d'un ramassis de fripouilles, dont une franchement abjecte. Contrairement au Quai des brumes, ici j'ai eu l'impression que l'auteur n'aime pas ses personnages. Ils sont durs et il est dur avec eux. Comme s'il leur disait: Vous qui entrez ici, laissez toute esperance…


L'auteur nous emmene dans les bas-fonds d'une ville portuaire. Une rue de “magasins", de fenetres rouges, ses “dames" et ses proxenetes, ses vendeurs ce drogue a la sauvette (dealers serait anachronique), son chariot friterie, son vendeur ambulant de saucisses, son bar, le Montparnasse, tenu par Feempje, un hollandais ampute d'une main qui seme la terreur avec le crochet en fer qui la remplace.
Des prostituees qui viennent d'ailleurs, poussees par la faim et exploitees par des ruffians qui leur louent des “magasins” en rue qui servent de chambres de passes et leur prennent part ou tout leur benefice. Elles s'epient, elles se jalousent pour tout et rien, elles se disputaillent.
Dans le bar, maquee avec Feempje, Flossie la soularde, un spectre maquille, forcee a un spectacle denigrant, qui finira acculee au suicide par son amant (amant vient d'aimer? alors son haissant).
Et surgi d'un ne sait ou, un petit vieux attife d'une longue pelerine (un pelerin?), au passe somptueux ou il a su aimer romantiquement et etre aime a la folie, qui s'entiche d'une prostituee enigmatique, Geisha. Il est harcele par tous. Il finira par partir.
Pour comble, une epidemie sevit dans la ville et la peur s'installe. Il y a des morts.


Quel roman! Des solitaires deambulant dans une atmosphere affligeante. C'est du noir de noir. Que peut-il se passer qui ne soit deplorable? En fin de roman, apres le drame, le petit vieux montera sur un bateau. Vers ou? Il ne le sait pas lui-meme. Mais il se peut que ce soit le meilleur destin. Un meilleur destin que tous ceux qui restent.


Un roman noir sans concessions. Je l'ai senti d'un certain age. D'une epoque, il me semble, ou la noirceur etait aureolee de romantisme. Mais il est porte par une ecriture, un style, sans aucun age. Seduisant, dans son genre. Encore aujourd'hui. Aujourd'hui comme hier.
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