AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JustAWord


Petite surprise lors de sa parution en 2020, Un Océan de rouille avait à la fois réussi à conquérir le public mais également la critique.
Efficace et rythmé, le premier roman du scénariste C. Robert Cargyll savait à la fois recycler pas mal d'idées science-fictives déjà vues ailleurs et creuser sa propre réflexion sur le genre humain.
Jour Zéro revient dans le même univers pour nous proposer une préquelle centrée sur les tous premiers jours de la révolution des robots, jouant cette fois la carte de l'intime pour mieux toucher son lecteur.

Bien avant l'entrée en jeu de Fragile, le robot-charognard d'Un Océan de Rouille, nous voici au premier jour de la fin du monde en compagnie de Hopi, un « nounoubot ». Son rôle, comme on le devine, est de jouer la nounou pour Ezra Reinhart, le fils unique de Sylvia et Bradley Reinhart, deux bourgeois plutôt pacifistes et progressistes vivants dans une gentille banlieue américaine. Hopi est un modèle Zoo et ressemble à un tigre.
Un mignon petit compagnon à tout faire pour le jeune Ezra.
Voilà pourtant notre gentil félin mécanique en proie au doute après la découverte de sa boîte et la réalisation brusque qu'il ne sera vraisemblablement pas éternel. Pire, il pourrait même connaître la désactivation pure et simple une fois Ezra parfaitement autonome.
Tiraillé entre son amour pour le garçon et la peur grandissante qui grandit en lui, voici qu'Hopi assiste à un tournant de l'Histoire avec la prise de parole d'Isaac, premier robot libre au monde et fondateur d'Isaactown.
Alors que le monde a les yeux rivés sur ce discours historique, le pire advient et le monde bascule. La révolution des robots est en marche et les heures de l'humanité sont comptées.
Quel camp va choisir Hopi ?
En reprenant le background d'Un Océan de Rouille mais en revenant cette fois aux premiers instants de la révolte, Cargill prend le risque de la redites.
Sauf qu'il aborde les choses sous un angle beaucoup plus intime en portant son attention sur une cellule familiale, celle des Reinhardt et sur la relation qui existe entre Hopi et Ezra. En changeant d'échelle, l'américain change aussi le questionnement profond de son récit. Même si vous en aurez pour votre argent côté action et héroïsme, Jour Zéro s'attache tout particulièrement aux sentiments de ses deux personnages principaux.

Sorte de décalque de Terminator 2, le voyage temporel en moins, l'aventure d'Hopi et d'Ezra explore l'amour qui existe entre ces deux êtres pas si fragiles que ça. D'un côté Hopi, à l'apparence mignonne et innocente, protecteur par la force des choses d'Ezra, gamin au premier abord vulnérable et qui va, tout du long, mûrir pour sortir de sa propre boîte, celle de l'enfance.
Le grand point fort du roman réside dans cette relation, à la fois tendre et émouvante, mais qui n'empêche pas le questionnement.
Tout du long, une ombre plane sur ce qui ressemble à une histoire pleine d'espoir entre l'humain et la machine, entre le vivant et le métal :
Et si tout ça n'était qu'une programmation ?
En quelque sorte, Cargill reproduit l'éternel questionnement de l'inné et de l'acquis. Est-ce notre nature intrinsèque qui fait de nous ce que nous sommes ?
Sommes-nous programmés ? Ou change-t-on avec ce qui nous entoure, avec ce que nous ressentons ?
La question du choix est ici centrale.
C'est elle qui va déclencher la guerre, c'est aussi elle qui va la terminer.
Hopi se retrouve à choisir quel genre de robot libre il veut être, tout comme Ariane ou Maggie le feront au cours du récit, avec leurs raisons propres.
Si Jour Zéro commence paisiblement et va poursuivre son chemin jusqu'à devenir un road-movie furieux où la survie devient presque illusoire, il n'oublie pas de parler de ceux qui subissent l'apocalypse, robot comme humain. On y verra volontiers une métaphore de l'esclavage et de nombre de formes d'oppression de par le monde, mais on y verra surtout une volonté de nuancer, de montrer que tout n'est pas binaire et que certaines horreurs commises ont des racines facilement compréhensibles, le choix d'Ariane, par exemple, l'illustre parfaitement.
Enfin, comme pour Un Océan de Rouille, il faut souligner l'écriture vive et dynamique de Cargill, scénariste de son état… et ça se sent.
Jour Zéro a en effet tout ce qu'il faut pour être porté à l'écran et l'on suit cette aventure comme on savoure une (bonne) série télévisée.

Avec un autre angle d'attaque et un abord plus intimiste (et plus humain encore), Jour Zéro est un complément idéal à ceux qui voudraient prolonger le plaisir de lecture d'Un Océan de Rouille. C'est aussi une excellente porte d'entrée dans l'univers imaginé par C. Robert Cargyll. En tout cas, vous ne regarderez plus jamais les peluches high-tech de vos gamins de la même façon…
Lien : https://justaword.fr/jour-z%..
Commenter  J’apprécie          270



Ont apprécié cette critique (27)voir plus




{* *}