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Critique de Nic54


Le Lierre et l'Araignée, c'est l'histoire d'un regret pour Grégoire Carlé. « Celui de ne pas avoir su poser de questions. Quand il [son grand-père] est mort alors que j'avais à peine 22 ans, j'ai pris conscience que je n'avais pas collecté de sa bouche les éléments de son parcours durant toute cette période [l'Occupation]. J'avais retenu quelques anecdotes et quelques petites histoires, mais elles ne doivent représenter qu'une vingtaine de pages sur les 200 que comptent l'album. Tout le reste est le fruit d'une longue enquête ». D'une bande dessinée sur la pêche à la mouche commandée par son éditeur, ce dessinateur et scénariste d'origine strasbourgeoise décide de produire une oeuvre mémorielle sur l'Alsace, l'Occupation Allemande et la Résistance.

S'en suit quatre années de développement, rythmées par de nombreuses lectures, d'intenses sessions de recherches dans les archives, de longues journées d'attente de documents et l'épreuve du dessin. "Le plus perturbant pour moi a été de dessiner mon grand-père" confie t-il au journaliste Romain Blandre chez ActuaBD. Carlé part ainsi sonder le passé, le sien, celui de son grand-père et d'une région malmenée par les mouvements de l'Histoire. Il en extrait un récit riche sur l'acte de résistance, la violence des hommes, le réconfort et la pureté de la nature sauvage. Un geste qui rappelle, par instant, celui, cinématographique, de Terrence Malick sur La Ligne Rouge ou le Nouveau Monde.

Le dessin, volontiers impressionniste, révèle la luxuriance des forêts alsaciennes, semblables aux denses forêts tropicales et aux jungles d'Asie du Sud, avec leurs forteresses cachées sous les feuillages et leurs trésors oubliés. Carlé rivalise également de métaphores pour représenter les forces d'occupations allemandes et l'administration nazie. "Les Alsaciens surnommaient la croix gammée « la Kreuzspinne », l'araignée des jardins.". Un surnom qui lui inspire ce passage, graphiquement sidérant, de perquisition par la Gestapo.

Si l'on peut regretter les faiblesses dans la cartérisation des personnages, ce défaut ne représente finalement pas un frein à la lecture. Hommage d'un petit-fils à son grand-père, d'un citoyen français d'aujourd'hui aux résistants d'hier, le Lierre et l'Araignée est une bande dessinée qui ne s'oubliera pas.
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