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Critique de keria31


Un bon roman captivant avec une intrigue particulière et des lieux, le cimetière des livres oubliés et la villa Altaya, à l'ambiance envoûtante.

Il surprend d'abord par son point fort qui ouvre les premières pages : le thème des auteurs oubliés dans un paysage kafkaïen. Carlos Ruiz Zafon rend ainsi hommage à la littérature et suggère par la peinture saisissante d'une bibliothèque monumentale, l'immensité des romans qui n'ont pas rencontré de lecteurs. Le fait que Carax soit un auteur et Sempere, le fils d'un libraire, met en avant des héros qui appartiennent ainsi à ce milieu.

La construction du récit en miroir qui met en parallèle les drames amoureux de Julian et Daniel capte aussi l'attention. Elle suggère qu'à travers le temps, des situations se répètent, qu'une sorte de malédiction ancienne doit être dépassée dans le futur.

On notera aussi la toile de fond historique qui est celui de Barcelone au lendemain de la guerre civile dans le cadre d'une Espagne franquiste violente et austère. Si les deux familles Altaya et Aguilar vivent mal la liaison de leur fille en dehors d'une union officielle, c'est qu'à cette époque (pourtant datée de moins d'un siècle), les gens voyaient d'un mauvais oeil la sexualité de leurs enfants, vécue comme une honte. L'auteur rappelant ainsi le sort pathétique voire tragique des femmes tombées enceintes. Alors que le personnage de Firmin, ancien militant communiste devenu SDF, rappelle les victimes qui ont subi la torture policière sous le gouvernement franquiste. En dépit de ce contexte sombre et de drames qui frappent ses personnages, l'auteur choisit pourtant de mettre l'accent sur des sentiments élevés tels que l'amitié dévouée et fidèle qui unit Firmin à Sempere, Molinier à Carax ou l'amour fort qui liait Pénélope à Julian, Daniel à Béa. Moins évident, il y a aussi évoqué la loyauté d'un fils (Jorge Altaya) qui tient la promesse faite à son père, la douleur d'une mère pour sa fille défunte...

Enfin le roman se construit comme un thriller en poursuivant le fil d'une enquête qui est celle qu'entreprend Daniel Sempere sur le passé de l'auteur d'un livre inconnu qui l'a passionné, un dénommé Julian Carax, alors que dans son sillage, un inconnu inquiétant le suit...On notera le duel final tendu qui oppose les deux ennemis irréductibles de ce roman avec un méchant fou et puissant qui fait frémir face à un héros profond qui va montrer une force surprenante.

Maintenant en dépit de points forts certains, il y a toutefois des défauts notables. La galerie des personnages est trop dense : leur portrait s'imbriquant l'un dans l'autre, on les voit défiler en se sentant parfois perdu. Un babelionaute à noter qu'il y avait jusqu'à une cinquantaine de personnages dans ce roman ! Cette surenchère, en plus, conduit à une répétition de la trame narrative qui agace parfois : A rencontre B qui parle de C...J'ajouterais aussi que le portrait des femmes, personnages secondaires dans ce roman, m'a laissé perplexe. Elles brillent surtout pour leur beauté, les fantasmes qu'elles suscitent à l'image des désirs que peuvent reporter sur elles les hommes. Mais c'est vrai, rappelons-le, que Zafon est un auteur masculin et que les œuvres en général mettent en avant des héros males, pas des femmes.
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