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Critique de EvlyneLeraut


Trois heures du matin, lever du rideau sur une histoire très belle, douce et poignante. Gianrico Carofiglio écrit dans cette orée pâle d'une aube en devenir « Je viens d'avoir cinquante et un an, l'âge qu'avait mon père à l'époque. J'ai pensé que le moment était venu d'écrire sur ces deux jours et ces deux nuits. » Nous sommes en plongée directe dans la vie d'Antonio qui conte sa vie. Dans ce peu de jours et de nuits, dans une Italie en 1983. Antonio apprend qu'il est malade. Tout va basculer. Ses crises d'épilepsies sournoises vont être pour ce jeune enfant l'anéantissement de sa vie sociale. Un rejet vif des autres jusqu'à la première heure du matin, en advenir. Plus de sport, un traitement de fond lourd, chape de plomb pour Antonio qui se ferme comme une huître. Mais l'ampleur du récit n'est pas là. Il n'y a aucun pathos. Tant Antonio persévère et fait bloc avec les contraintes. Bien plus que cela encore nous sommes dans un récit initiatique. L'enfant va s'élever. Il faudra du temps. Poursuivons cette lecture qui étale le temps furtivement avec application. Antonio est enfant unique. Son père est éloigné et vient dans l'antre familial que trop peu, mais s'implique dans l'éducation et la maladie d'Antonio. Ce dernier vit seul avec sa mère. Des liens entre tous les trois sont forts et constants, tous soudés malgré la distance pour le père. Un traitement va être proposé à Antonio. A l'adolescence ce dernier saura s'il a réussi. Mais pour cela il lui faudra affronter une épreuve. Partir de sa terre natale l'Italie pour Marseille avec son père. Et là il devra ne pas dormir pendant 48 heures pour analyser les méandres de cette maladie et entrevoir (peut-être) sa guérison. Ces trois jours seront apothéose. Salvateurs, nourriciers, les souffrances ancestrales d'Antonio vont s'estomper. Le sublime d'un relationnel va porter ses fruits. Métamorphose d'un adolescent qui va découvrir le langage d'une délivrance enfouie depuis la nuit des temps. L'apprentissage des entrelacs de la vie, les confidences affirmées généreuses et actées. Lâcher les morceaux d'étoiles d'un père pour son fils. Lui dire, lui prouver, démystifier l'absence d'avant. Ce récit est aussi au summum d'une équité avérée. Tout est beau et grand, bouleversant aussi. Antonio et son père sont se relier métaphoriquement. Marcher dans l'ombre de l'un et de l'autre. Vivre des heures glorieuses, abattre l'envie de dormir en faisait un pas de côté riche de surprises, de tendresse, et d'attitudes altières et sincères. Devenir des siamois dans l'heure ultime, ensemble et à jamais. « Si les gens croient que les mathématiques ne sont pas simples, c'est simplement parce qu'ils ne réalisent pas combien la vie est compliquée. » « Trois heures du matin » est le livre de la générosité. Traduit de l'italien par Elsa Damien. Publié par les majeures éditions Slatkine & Cie
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