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Critique de CarolineDBruihier


Des jumeaux en plein pays du Caucase russe vivent avec leur Mémé, Gladys c'est la petite soeur, longue chevelure dorée, yeux candides et âme douce, Vova c'est le petit frère, un casque d'or entourant son visage, un regard dur et farouche, des petits poings levés à qui s'approchera de lui ou de Gladys. La mère est partie en ville, de l'argent leur est régulièrement envoyé, la vie demeure douce auprès de la Mémé, une vie modeste et simple, faite de récoltes, de berceuses murmurées, de douceur largement distribuée par la vieille. Et puis un jour, les malheurs vont s'enchaîner, plus d'argent, plus de nouvelles de la mère, et la grand-mère décède. Les jumeaux sont envoyés dans un orphelinat russe - où la saleté côtoie les brimades incessantes. Gladys échappe aux coups, sa figure d'ange séduisant tout le personnel de l'institution, Vova lui, est traité durement. Leur seul réconfort viendra d'une femme, Varvara, marionnettiste, qui séduira autant la douce Gladys que Vova. Jusqu'au jour, où le malheur les frappe de nouveau et les jumeaux se voient adoptés par un couple de richissimes français, les Baldessari, qui les ramènent avec eux à Paris. Au programme, une chambre de princesse pour Gladys, et un placard pour Vova... La destinée des jumeaux se verra sans cesse chamboulée, malmenant le fil qui les relie l'un à l'autre, et leur enfance se verra sacrifiée.

Un roman qui se lit comme un conte cruel, tous les ingrédients traditionnels parcourent ce beau récit qui m'a d'ailleurs souvent fait penser à Hansel et Gretel. Les situations des jumeaux ne cessent de se faire écho, chacun devenant prisonnier des folies des adultes. Les grandes personnes ne sont guère épargnées dans le récit, les riches Baldessari révélant une folie indicible, ou encore le père d'Aurélia - la "fée au chapeau de clarté" de Vova - dont le père refuse de la laisser grandir. La plupart des adultes sont ainsi, fous, frustrés, haineux. Les jumeaux sont considérés comme des biens matériels, comme une jolie poupée qu'il faut exposer aux autres dans le cas de Gladys, voir comme un animal qu'il faut dompter pour mieux rendre esclave comme Vova. La maltraitance y est explorée, soit psychologique pour la jeune fille, soit physique pour son frère. D'autres figures d'adultes sont heureusement là pour faire grandir et évoluer les deux enfants, la belle Varvara, Bao Van, et même certains personnages qu'on aurait rapidement fait de classer parmi les "méchants" de cette histoire comme Agrippa. Les épreuves des deux enfants se font de plus en plus douloureuses, mais tout doucement ils avancent vers la lumière, chacun parvenant à faire émerger de soi la plus belle partie de leur être, parvenant à faire taire les années de peur et de solitude pour conclure sur de belles retrouvailles.

Un mot sur l'écriture, envoutante comme l'est celle d'un conte, on se laisse porter par cette histoire belle et cruelle, du fin fond de la Russie jusqu'à Paris, aux multiples rebondissements, un brin fantaisiste par instants, mais qui happe facilement le lecteur.
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