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Critique de Titania


D'une caisse de livres assemblés en vrac, j'ai extrait ce polar étrange qui n'a fait l'objet d'aucune publicité tapageuse, me semble-t-il, à sa sortie, dont la quatrième de couverture vend assez bien l'argument .

Une histoire d'erreur judiciaire, deux coupables pour un même meurtre, la promesse d'un contexte sociohistorique complexe , une enquête journalistique et le questionnement sur le rôle de la presse dans tout ça .

Me voilà partie sur les pas de la narratrice Sara Kaplan, grand reporter au très prestigieux New York Times qui reçoit la lettre d'un vétéran de la guerre d'Irak qui s'accuse du meurtre d'une jeune fille, alors qu'un autre homme attend son exécution pour le même meurtre dans le couloir de la mort.

Je découvre alors une histoire bien écrite et une enquête passionnante qui met en valeur les contradictions des différents protagonistes, des personnages complexes et inquiétants d'une région marécageuse au climat moite et lourd de chaleur et de malheurs accumulés.

Le destin tragique du vétéran percute violemment la mémoire blessée de Sara , fille d'un militant de gauche brisé par la guerre du Vietnam. La journaliste ne risque -t-elle pas de plaquer ses opinions ou de vieux schémas sur une situation nouvelle qui semble la laisser perplexe ?

On plonge alors dans les conséquences humaines des conflits de l'Amérique qui ne se mesurent pas seulement au nombre de tombes alignées au cordeau dans les cimetières militaires aux pelouses impeccables. Il y a aussi ces engagés sur fond de chômage , des estropiés , des suicidés, des traumatisés à vie ...la réalité des combats et des horreurs vécues, la face cachée beaucoup moins héroïque de la version officielle.

J'ai beaucoup aimé ce roman, pas simpliste pour trois sous, bien écrit, bien documenté, à l'architecture classique. En effet, on suit la démarche chronologique et la progression de notre héroïne. Je commençais à ne plus supporter les romans « chorale », avec chapitres en italique, ça tombait bien. La fin est inattendue, pas du tout convenue, et ça c'est absolument génial, j'aime bien qu'on me surprenne avec un propos intelligent !

L'auteur , après nous avoir baladé partout dans les ressorts possibles de la responsabilité individuelle ou collective, nous dit beaucoup sur les risques de chercher des explications faciles à des comportements humains criminels et sur l'absence de neutralité de la presse, mais ça c'est une réalité scientifique, n'est-ce pas ? La chose observée est toujours modifiée par son observateur , et la presse n'échappe guère à cette réalité.
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