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Critique de siouxie


Un livre âpre, difficile, qui ne se donne pas facilement au lecteur. Les Cévennes sont rudes, y vivre ressemble à un exploit que la famille Reilhan va tenter d'accomplir sur deux générations. Maheux c'est le lieu-dit où ils vivent, où ils survivent, car leur existence est marquée par une misère subie comme une malédiction.
Le père Reilhan, le taciturne, épouse par correspondance une jeune fille qui pensait trouver là, dans ce lieu isolé, un ciel bleu, une nature accueillante et une autre vie que celle de la mine et de la poussière. Ce sera plutôt pour elle des privations, un silence hostile et de la duplicité. Deux garçons complètent la famille Abel et Joseph-Samuel. on les suit donc d'avant la seconde guerre mondiale aux années cinquante.
Le récit ne se déroule pas d'un façon linéaire, disons plutôt qu'il met en avant des scènes capitales et frappantes passant plus vite sur le reste ou l'éludant complètement, c'est un peu déroutant et alors on ne peut pas s'attacher aux personnages, sans doute est-ce volontaire, ils n'auront même pas eu droit à notre empathie, leur désespoir n'en est que plus absolu; donc on assiste à des moments clés : la chute de Joseph, son passage en Suisse, la mort du père ( sous les étoiles en sorte de régression bénéfique, c'est poignant et très beau), l'arrivée de l'épouse d'Abel, la recherche désespérée de la source...
Maheux est hors du monde, là où la nature semble se fermer où vivre est forcément une lutte contre les éléments marquée par une fatalité. La mère subit cette fatalité et son attitude avec joseph, le gâtant à l'insu des deux autres le gavant alors que le père et l'aîné se nourrissent de châtaignes, cette attitude donc est une toute petite victoire, une façon de penser échapper au destin sordide de mourir de faim et de solitude.
Abel croit pouvoir lui aussi s'en sortir et se lance dans la captation d'une source pour pallier la sécheresse, il s'y épuise mais y puise aussi la force d'affronter une forme de désespoir.
Tout est si sombre, si dur, si pessimiste, le texte , par sa beauté et son exigence, compense la noirceur de tout cela.
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