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Critique de Garoupe


Khimaï est l'héritier du Pourvoyeur. Il est amené à régner un jour sur les Trois-Dominions à la place de son père qui dirige les trois provinces au nom du Dieu Secret dont il est en quelque sorte l'interface physique et à travers lequel s'exprime tous les dix jours la justice du Dieu. Un Pourvoyeur ne meurt jamais sans laisser un héritier, tel est le Pacte entre les hommes et le Dieu Secret. Seule la province de Kalenia vénère un autre Dieu : Frya, la Déesse du froid qui y fait régner un climat austère et rigoureux.

C'est pourtant dans cette contrée inhospitalière que Khimaï entreprend l'aventure destinée à lui permettre de retrouver sa place de Pourvoyeur, aujourd'hui occupée par un usurpateur qui se fait passer pour l'héritier du pouvoir. Il est secondé dans sa quête par Borhôn, ancien suffète (chef) des Masques, la garde personnelle du Pourvoyeur et tenu responsable par le père de Khimaï pour les soi-disantes disparition et mort de son fils. Khimaï cherche à retrouver Lathân, la seule à pouvoir se glisser dans le temple du Dieu Secret, dans la capitale des Trois-Dominions, récupérer le Masque et permettre à Khimaï de retrouver sa véritable place.

Derrière une couverture assez peu réussie, avouons-le, se cache une histoire intelligemment structurée et bien écrite.

Paul Carta passe de souvenirs de jeunesse de Khimaï en mésaventures du binôme Borhôn/Khimaï sur les routes de Kalenia à la recherche de Lathân pour dresser un tableau assez complet du monde où s'ébattent les personnages. L'éducation du jeune prince par son précepteur, par son maître d'arme ou par les généraux de son père, voir par son père lui-même et les prêtres du culte du Dieu Secret permettent à Paul Carta d'aborder tous les thèmes propres au monde qu'il a choisi de créer : politique, relation entre les trois territoire composant Trois-Dominions, relation entre les dominions et Kalenia, structure religieuse (il n'y a pas qu'un seul Dieu mais une multitude de cultes voués au Destin, à la Fertilité, à la Fureur, aux Voyages…).

Paul Carta évite également le piège de créer un héros tout puissant, luttant avec maestria, puissance et brio contre des vents contraires pour accomplir sa destinée… Khimaï est un héros avec ses faiblesses, plutôt nombreuses : il est dépeint comme un prince déchu, se cachant, atteint d'une infirmité suite à un combat, parfois impétueux et manquant de qualités réflectives, devant être remis dans le bon sens par Borhôn ou au gré des péripéties de son voyage. Un prince un peu mal dégrossi mais foutrement attachant et volontaire. En évitant de sombrer dans un extrême ou dans un autre, Paul Carta écrit une histoire équilibrée d'un jeune homme qui se cherche autant qu'il essaie de restaurer la lignée de son père et de ses aïeuls.

Borhôn est celui qui endosse la panoplie de surhomme mais avec ses zones d'ombres, relatives à son passé et dont Paul Carta nous laisse entrevoir quelques éléments sans en donner pour autant toutes les clefs.

Paul Carta réussi à créer autour de ces deux personnages, auxquels on peut ajouter Lathân dont on entend parler tout le temps sans qu'elle apparaisse déjà physiquement dans l'histoire (en dehors des souvenirs du prince) – cela viendra certainement dans le prochain tome (l'histoire doit en compter 5 au total qui sortiront d'ici 2016 –, un canevas cohérent et intéressant, prenant le temps de poser son décor, son histoire, d'en donner un aperçu en gardant ce qu'il faut dans sa besace pour la suite, sans avoir recours à d'épiques combats, de glorieux faits d'armes ou de prouesses invraisemblables.

Les questions qui restent en suspens à la fin de ce premier tome ont trait principalement à l'identité du Dieu Secret (dont Lathân s'est fait forte de le démasquer), à la réussite ou non de la quête de Khimaï, aux raisons qui font que quelqu'un a pu prendre la place de ce dernier alors que le Pacte passé entre le Dieu Secret et les Pourvoyeurs devrait normalement rendre l'usurpation impossible, à qui est réellement Borhôn…

Rien que pour cela, et même s'il faut une petite centaine de pages pour bien s'immerger dans l'ambiance, même s'il n'atteint pas les pages sublimes d'un Jaworsky (pour prendre un contemporain français) au meilleur de sa forme dans « Gagner la guerre », Paul Carta mérite d'être lu et d'être suivi dans cette aventure qui est autant la sienne que celle de ses personnages. J'attendrai la suite avec intérêt pour voir si, sur la longueur, il ne s'égare pas sur des chemins de traverses un peu trop évidents, s'il ne cède pas aux facilités d'un genre parfois oublié. A suivre…

Lien : http://wp.me/p2X8E2-mu
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