Je ne te savais pas superficielle au point de juger quelqu'un uniquement sur sa façon de s'habiller! Tu sais, quand un homme et une femme se plaisent, il arrive un moment où les vêtements deviennent superflus.
Je m'installe devant mon ordinateur et ne peux m’empêcher de me retrouver sur le fameux réseau social qu'on accuse d’être responsable de tant de ruptures amoureuse. Est ce une bonne ou une mauvaise chose? Je n'en sais rien. ça permet de découvrir des choses qu'il aurait été impossible de savoir autrement, mais ne dit on pas que ce qu'on ne sait pas ne peut pas nous faire souffrir? Tous ces renseignements sont ils vraiment nécessaires?
N’étant moi-même ni calculatrice, ni manipulatrice, ni malhonnête, je n’ai pas tendance à penser que les autres puissent l’être.
Tu sais Émilie, j’ai toujours trouvé que Frédéric est un garçon adorable, sympathique, bien élevé, propre sur lui et j’en passe. Mais je pense que quand on se retrouve à devoir espionner ou faire espionner quelqu’un pour s’assurer de sa bonne conduite, c’est que la confiance n’est plus là, même si je dois avouer que ça m’amuse bien de jouer les espionnes.
— Affaire classée. Ensuite, ce qui me paraît vraiment plus important est cette filature dont tu crois être l’objet. Il faut que tu trouves un moyen d’en être certaine.
— Et comment on peut faire ça ?
— Je ne sais pas, laisse-moi réfléchir.
— La seule chose que je sais, c’est que Sophie, lorsqu’elle m’a rencontrée pour l’enquête, m’a dit que je risquais d’être observée pendant mes heures de travail, par elle ou un de ses collègues, sans être prévenue.
— C’est étrange comme façon de faire.
— C’est ce que Jonathan croit aussi. Il dit que ce n’est pas possible.
— Je suis d’accord avec lui. Je ne vois qu’une solution, je vais espionner cet espion !
— Et comment vas-tu t’y prendre ?
— Je ne sais pas encore, mais fais-moi confiance. N’oublie pas que j’ai fait toute ma carrière dans les forces de l’ordre.
— Tu étais pervenche !
— Alors là, pas du tout ! Les pervenches c’était à Paris ! Ici, notre uniforme était plutôt myosotis.
— Oui, mais bon, tu distribuais des PV aux voitures mal garées.
— Et alors, ça fait de moi une incapable, peut-être ?
— Non, non, bien sûr que non !
— Heureuse de te l’entendre dire. Je vais donc filer cet espion.
Je quitte Bernadette ce soir-là sans avoir pu en apprendre davantage sur son plan et je soupçonne qu’elle-même n’en sait pas beaucoup plus que moi. Je jette un regard partout à l’horizon sans remarquer de présence inopportune et je rentre chez moi à vélo.
Je ne te dis pas qu’il n’y a pas une certaine part secrète en chacun, mais dissimuler ce qu’on fait réellement, pour moi ce n’est pas bon, c’est le signe que l’autre n’est pas prêt à nous accepter comme on est et qu’il ne croit pas suffisamment en notre amour.
J’oscille entre l’envie de m’éloigner parce qu’après tout je suis en couple, et celle de profiter du moment parce qu’il n’y a rien de déplacé dans son attitude. Juste de petits signaux qu’aussi bien j’invente parce que je suis en manque et un peu sous le charme de cet homme séduisant. J’ai toujours eu un faible pour les fossettes...
Je croyais que le karaoké était une activité qui se pratiquait entre adultes consentants, mais ce n’est pas tout à fait le cas ici, tout le monde doit monter sur scène de gré ou de force. Moi ça ne me dérange pas parce que j’aime bien pousser la chansonnette, si bien que je me retrouve à chanter « J’ai un problème » en duo avec Jonathan à la demande de plusieurs collègues. Toute mésentente entre lui et moi semble dissipée et nous profitons de ce moment de complicité retrouvée.
On est amenés à rencontrer tellement de personnes dans nos vies, elle peut tout aussi bien être une nouvelle collègue qu’une ancienne camarade de lycée ou une cousine perdue de vue.
Tout le monde fait les mêmes remarques, pose les mêmes questions en s’imaginant bien sûr être le premier.