— Ophélie, ma chanson pour toi.
Il a monté le son, et « Hopelessly Devoted To You » a envahi la voiture. La première fois que je l’avais entendue, je m’étais laissé transporter par les paroles, mais là le côté kitsch du tube m’a frappée.
— Charlie, c’est gnangnan, de la guimauve liquide !
Il s’est marré une fois de plus.
— La différence entre toi et moi, c’est que tu n’es pas sentimentale. Pour toi, l’amour n’est que physique…
— Et pour toi, il n’est que spirituel, peut-être ? Tu veux que je te rappelle dans quel état tu étais dans le jacuzzi ?
— Touché !
Après avoir visité la maison, nous avons pris le café sur la terrasse où Michael Douglas et Sharon Stone se rencontrent pour la première fois dans Basic Instinct. Nous avons passé ainsi une heure fort agréable, et quand nous sommes repartis j’étais contente d’avoir visité ce lieu de tournage d’un film sinon mythique, du moins très connu.
— Tu sais, Charlie, Basic Instinct va être notre film référence, celui qui symbolisera notre liaison.
Je suis partie dans un délire romantique.
— Je suis ta Catherine Tramell. D’ailleurs, ma beauté égale celle de son interprète. Si tu veux, tu peux m’appeler Sharon…
Au moment où je prononçais cette phrase, je me suis aperçue de l’énormité de ma gaffe.
Mon compagnon ne m’a pas loupée.
— Et toi tu m’appelleras Michael ?
Il y a eu une seconde de silence embarrassé puis j’ai explosé de rire. Je ne pouvais plus m’arrêter, et mon fou rire inextinguible a fini par contaminer Charlie. Je pleurais, j’avais mal au ventre, mais c’était un moment sympa : rire ensemble de ce genre de bourde démontrait les sentiments qui nous unissaient. Une liaison devenue aussi forte en deux jours, c’était un signe. Le signe que j’avais trouvé celui qu’il me fallait.
Introduire le sujet du sexe en présence de Michael, c'est comme faire un barbecue à la campagne dans le sud de la France en été : il y a de fortes probabilités que cela provoque un incendie incontrôlable et c'est d'ailleurs pour cela que c'est interdit
Le "divertissement que j'ai procuré" à son mari... J'ai du mal à encaisser l'insulte.
_ Vous me prenez pour une pute ?
_ Non, bien sûr que non. Mon mari n'a pas de goût pour les relations tarifiées. Il n'en a pas besoin : il lui suffit de se baisser pour ramasser de quoi se satisfaire.
Regarder des séries sur l'ipad dans un bain moussant en sirotant une coupe de champagne dans des bras accueillant c'est une version du bonheur.
Etre cocufiée par un mec que tu vois reproduit sur la face d'un building de vingt étages, ce n'est pas habituel.