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Critique de Bruno_Cm


Je remercie les éditions Seuil et la collection La Couleur des Idées, ainsi que Babelio pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération masse critique.
Voici un livre théorique très pointu, extrêmement précis, qui cumule un nombre énorme de références (plus de 60 pages de notes bibliographiques en fin d'ouvrage!).
Le sujet est tout à fait actuel, et en même temps à travers ces lignes on comprend également que les difficultés et questionnements ne sont pas si neufs, on peut clairement faire des parallèles avec d'autres temps, d'autres périodes... mais essentiellement de l'époque capitalistique.
« ... il n'y a pas et il n'y aura pas de grand remplacement (des humains par les robots), mais l'ensemble du processus de diffusion de l'intelligence artificielle, d'automatisation et de plateformisation est destiné, ruse ultime (mais classique) du capitalisme, à la fois à terrifier et à aiguillonner travailleurs et usagers de manière à moins payer le travail (et il est évidemment permis de penser que les prédictions effrayantes sur la disparition de l'emploi font partie de cette entreprise de déstabilisation...). »

Casilli confronte de multiples théoriciens antérieurs et contemporains, les citer prendrait beaucoup trop de temps. Il confronte plein de concepts nouveaux et moins nouveaux, là aussi tous les citer prendrait un temps bien long...
Toutefois : automation, digital labor, digitalisation, tâcheronnisation, hybridisation, plateformisation, microtravail, ludification, galériens du clic, réintermédiation, produsagers hope labor, fermes à clics, le hors-travail du consommateir, playbor, hyperemploi, panoptique productif, vectorialisme, capacitation exploitante...

Clairement : non, les robots ne nous remplaceront pas, nous humains. Clairement non, l'IA actuellement ne peut se passer de l'humain, par contre l'humain est plus que jamais coupé en morceaux, comme son travail, comme ses tâches, qui deviennent de moins en moins intéressantes, de plus en plus basiques et dont la rémunération est infiniment complexe. Entre un travail loisir, entre une utilisation des utilisateurs pour produire des data et donc de l'argent...
Beaucoup de laissés pour compte de cette révolution numérique et même mieux, digitale (lié au doigt, qui clique), qui se trouvent une fois encore dans les pays défavorisés...
Le lien social, le côté public, être plus ouvert à tous, car nous avons besoin de chacun de ces éléments de la construction artificielle et rélle :
« ... rien n'empêche d'imaginer une ouverture plus radicale, telle qu'une collectivisation des données : celles-ci deviendraient une propriété sociale, directe, indivisible et inaliénable de leurs utilisateurs, sur le modèle de certaines philosophies des communs qui se développent aujourd'hui dans le Sud global pour gérer des ressources naturelles comme l'eau ou les minerais. »

Je pense que tout un chacun motivé à mieux cerner les nombreux enjeux du nouveau monde du travail peut trouver en ce livre de quoi se rassasier. Toutefois, ce livre est vraiment pointu, par moment répétitif bien qu'en fait il s'agit chaque fois d'une augmentation de subtilité ou de confrontation nouvelle autour d'un point plus particulier... Pointu au point que je pense que peu de gens se lanceront dans sa lecture, hormis les étudiants concernés directement.
Je me répète mais ce livre est impressionnant par son foisonnement de références et d'idées qui se lient, se délient...

Car beaucoup de gens pensent, réfléchissent à ces thématiques... On n'a rien inventé et on invente tout, mais. Donc. Peut-être. On peut (s')attendre (à) tout.
Courage, ne fuyons (surtout) pas !
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