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Critique de FelicieAussi


Gabriele se sépare de Nadine.. ou peut-être que c'est elle qui le quitte. Lui qui avait tant besoin de tendresse et d'attention et elle qui ne voulait pas en donner. La lassitude a gagné. C'est vers Cerbère, village frontalier avec l'Espagne, qu'il posera ses valises et tentera un nouveau départ proche de la mer. Il y achète une vieille bâtisse « La maison des fleurs », appelée ainsi car une une famille avec 3 filles prénommées Bégonia, Flora et Rosa y habitait dans les années 30.

En acquérant cette demeure, il ne sais pas qu'il hérite également de tout un pan d'histoire Espagnole qu'ont vécu ces jeunes femmes et leur père durant l'époque Franquiste et après. Grâce à la boulangère du village, avec qui Gabriele ‘sympathise', il commence à recevoir les anecdotes de la villa, et de tous les petits secrets qu'elle renferme. de plus, de nombreux objets personnels ont été laissé, un peu à l'abandon lorsque les 3 filles sont parties, l'une après l'autre, faire leurs vies.

Au fil des jours il lis les carnets intimes de Flora qui consignait leurs journées, des dessins ainsi qu'une énorme tapisserie brodée par Rosa. Tous ces souvenirs retracent une époque dure de l'histoire d'Espagne. Il découvrira que « La maison des fleurs », aujourd'hui bien calme, a connu des heures mouvementées.

C'est au travers de toutes ces pages de journaux que nous apprendrons sur cette douloureuse partie de l'Histoire qui a fait fuir de nombreux Espagnols pour survivre : la Retirada suivie de la résistance… Cette bâtisse est située sur la frontière entre l'Espagne et la France, retirée du village et au détour de bois permettant aux exilés de se cacher. Flora, Bégonia et Rosa ont très souvent risqué leurs vies en voulant aider ces Républicains. Mais qu'importe, cette humanité qu'elles avaient en elles et le besoin d'aider son prochain étaient évidents.

Rosa brodait tous ces instants de vies sur la tenture, des personnes qui les ont marqué, qui leur manque, des événements importants qu'abritait leur maison.. Flora écrivait les peines et les douleurs de ces gens de passage, de ces enfants aux regards apeurés et de leurs parents qui craignaient pour leur survie à tous, pour des lendemains incertains.

Dans leur fuite, ces exilés trimballaient dans leurs bagages un peu de leur vie d'avant, leurs joies, leurs craintes, leurs rires, leurs histoires. Mais de ces rencontres parfois très succinctes, des relations sincères se sont poursuivies avec le temps. de cet espoir éphémère, est aussi né l'amour. Car la vie à « La maison des fleurs » était malgré tout, souvent joyeuse, gaie et comblée d'instants d'insouciance. Ici ils étaient ensembles, plus forts. Ils avaient un endroit à eux où ils n'étaient ni exilés, ni étrangers. Pour ne pas penser à demain.

Gabriele est finalement peu présent dans ce roman : les vraies Héroïnes sont bel et bien «Les trois soeurs qui faisaient danser les exilés ». Mais la découverte de la réalité de cette période, lui permettra de faire enfin le parallèle avec sa propre existence et son passé familial, lui aussi exilé d'Italie. Il n'en a que de vagues souvenirs flous mais se rappelle avoir dû fuir très jeune avec ses parents. Puisse t'il faire la paix avec la révélation d'un secret bien gardé ? Peut-il lui aussi envisager une nouvelle vie alors qu'il pense être passé à côté avec Nadine ? Arrivera t'il à continuer sans elle, lui qui ne sait pas défaire les liens d'amour ?

Aurélia Cassigneul-Ojéda retrace une sombre période, elle raconte l'exil, la peur et les trahisons qu'ont vécu ces échappés. Son écriture est percutante tout en restant délicate et poétique. Un beau roman sur la résilience et l'amour, la vie et les difficultés à exister dans un monde qui ne veut plus de vous..
Lien : https://felicielitaussi.word..
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