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Critique de Alfaric


Merci Babelio, merci Masse Critique, merci Bragelonne !

J’ai passé un bon moment avec "Les Manteaux de gloire", premier roman du canadien Sebastien de Castell. Son idée de départ est géniale : marier les codes du cape et d’épée occidental au cape et d’épée oriental ! Quel kif !!!
Les manteaux de gloire du roi ont une bonne tête de mousquetaires du roi, et Falcio, Kest et Brasti ont de bons airs d’Athos, Porthos et Aramis, donc difficile de ne pas avoir en tête des images de la dernière adaptation en tête du chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas (la série "The Musketeers" réalisée par le BBC). Alors si on rajoute une émule de Milady de Winter et quelques figures appartenant désormais aux archétypes du genre, la fête est complète !
Mais les potentats locaux corrompus jusqu’à la moelle, les caravanes marchandes solidement armées, les nombreux combats chorégraphiés, les maîtres assassins / empoisonneurs / tortionnaires… sont des archétypes du wuxia hongkongais ! On va même jusqu’à reprendre quelques réplique culte genre « la meilleure épée ne rien contre la balle d’un pistolet »… Et puis ce concept des magistrats itinérant œuvrant pour le bien et la justice, c’est un classique au en Chine, en Corée, au Japon… D’ailleurs je suis en train de lire un série manga qui reprendre le pitch de ce roman avec un magistrat itinérant qui seul et contre tous, œuvre à la survie du rêve de justicier de son roi et ami, assassiné par l’aristocratie… (Il s’agit du "Nouvel Angyo Onshi" de de Youn In-wan et Yang Kyung-il).


La 1ère partie respire donc le cape et d’épée, nous entraînant directement dans l’assassinat de l’employeur des manteaux de gloire déchus Falcio, Fest et Brasti par une Milady de Winter fantasy. Pour se refaire, ils doivent servir d’escorte à une un seigneur caravanier qui s’avère appartenir au camp de leurs pires ennemis. L’auteur nous balance dans son univers, et c’est petit à petit qu’on s’y retrouve avec une double narration à rebours :
- Falcio nous raconte comment les manteaux de gloire ont été dissous, le roi Paelis ayant demandé que ses porteurs de justice lui survivent plutôt qu’ils ne périssent avec lui dans un baroud d’honneur contre la révolte généralisée des nobles
- Falcio nous raconte comment les manteaux de gloire ont été créés, lorsqu’un jeune paysan ivre de vengeance fit la rencontre d’un prince qui détestait encore plus que lui l’injustice, la monarchie et l’aristocratie, avant qu’ils ne mettent en commun leur détermination au service de leur rêve idéaliste : justice for all, justice for ever !
Oui, à l’image du "Baiser du rasoir" de Daniel Polansky, ce livre est un pamphlet contre les homines crevarices, les méchants du roman étant inspirés de crevard über rich IRL. (D’ailleurs le grimm & gritty de ce roman est bien géré : les méchants sont tellement méchants qu’ils en deviennent too much et donc peu réalistes, ce qui désamorce la noirceur de certaines scènes qui sans cela auraient été insoutenables)

La 2e partie est excellente. Par un caprice du destin, la seule survivante de famille Tiarren portant le même prénom que sa défunte femme, Falcio se met Martel en tête de sauver la jeune Aline. L’auteur nous offre un survival qui tient carrément du page-turner, enchaînant les chouettes péripéties et en prenant un malin plaisir à faire miroitier l’espoir à son héros (et donc aux lecteurs/lectrices) avant de lui replonger systématiquement la tête sous l’eau…

La 3e partie renoue est un peu confuse. On enchaîne révélations et deus ex machina de manière d’autant plus précipitée qu’on met en avant des éléments pas spécialement développés auparavant :

Mais ce n’est pas bien grave car toute cela n’est que question de dosage et ce ciselage de la mise en scène alors qu’on est dans un premier roman : tout cela est amené à s’améliorer dans les prochaines ouvrages de l’auteur.


La narration à la première personne alterne bons dialogues, scènes d’introspection, souvent concentrés dans les chapitres flashbacks, et scènes d’action bien ficelées où l’auteur nous fait partager son gros kif pour l’escrime. C’est un style très plaisant une fois qu’on s’y est fait (gageons que le travail de traductrice Mathilde Roger, dont je pense le pus grand bien, ne doit pas y être étranger), mais le bât blesse au niveau des descriptions qui sont ici très limitées alors qu’elle aurait facilement pu apporter une grosse plus-value. Le worldbuilding fin Moyen-Âge / début Renaissance se milite à quelques évocations, et le décor de la ville mafieuse de Rijou n’est absolument pas exploité. Quant au concept des Saints, il fait carrément deus ex machina, et par deux fois !

Mais mine de rien, l’auteur développe pas mal de points intéressants :


Bref, un premier roman plein de panache pour un auteur plein de bonne humeur et de bonne volonté qui ne peut que gagner en vista dans ses prochains ouvrages que je me ferai un joie de lire ! (et puis enfin un auteur fantasy qui fait boire des infusions au miel à ses personnages et pas du thé, du café ou du chocolat avec du sucre… ^^)
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