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Critique de Kirzy


Kirzy
23 septembre 2019
°°° Rentrée littéraire 2019 #22 °°°

Même si la vie de René Goscinny n'est pas un sujet qui me passionne a priori, j'ai pris du plaisir à me plonger dans ce roman graphique joyeux, généreux et tendre.

Ne connaissant de ce grand auteur que son oeuvre, j'ai découvert l'histoire de sa famille, des juifs polonais et ukrainiens ayant migré en Argentine, dont une partie restée en Europe a été assassinée à Auschwitz. Ces drames initiaux amène un autre regard ou du moins de la profondeur sur ce personnage qui s'est peu dévoilé et s'est fait connaitre à travers des créations emplies d'humour.

Mais ce que j'ai le plus apprécié, ce sont les nombreux extraits des carnets personnels de Goscinny qui émaillent le récit : on l'y voit chercher s'essayer à la caricature dès son adolescence en croquant Hitler ou Staline, chercher son style. Son génie du trait est d'emblée éclatant. C'est un véritable cadeau pour le lecteur que de découvrir ces inédits grâce à l'accès total de Catel aux archives des Goscinny.

Catel est une vraie conteuse qui emporte le lecteur, ça fourmille d'anecdotes, de rencontres ( Sempé, Uderzo, Morris and co ) , c'est incroyablement vivant. La narration est exemplaire, fluide et accrocheuse. C'est une excellente idée que de marquer les deux narrations parallèles d'une couleur : bleu pour les pages où René Goscinny se raconte ; jaune pour les discussions entre Catel et Anne Goscinny, sorte de making-of du roman graphique.

Les dessins de Catel ont le don de la simplicité, tout en rondeur, avec ses grand aplats de couleur qui barrent le noir & blanc. Les planches sont très belles et apportent beaucoup de douceur à ce double portrait intime : celui du père qui trouve sa voie et celui de la fille qui a perdu à neuf ans son père et cherche à le faire revivre par ce biais.

Reste que cette oeuvre manque tout de même d'aspérités, comme peut en manquer une oeuvre de commande, faite à la demande d'une famille pour rendre hommage avant tout. Tout se lit avec facilité et sympathie, mais rien ne m'a accroché vraiment non plus. En fait, les pages que j'ai trouvées les meilleures car les plus complexes sont les saynètes prologue et épilogue marquées de la couleur rose. Quelques pages seulement, mais loin de toute hagiographie. On y voit Anne, la fille donc, âgée de 18 ans, menacer de mort le médecin jugé responsable de la mort de son père en 1977 ( arrêt cardiaque chez son cardiologue suite à un test d'effort ). Là, on sort du registre joyeux et lisse pour un moment de bascule, hors des clous. J'aurais aimé plus de passages de cet ordre, plus de folie.

Lu dans le cadre du jury Grand Prix des Lectrices Elle 2020 ( n°8 )
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