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Critique de MadameTapioca


Giovanni Ventimiglia, est pêcheur dans la petite ville de DF, une ville du sud de l'Italie. Toute sa vie il a pêché des anchois et des crabes dans ses filets même si ces dernières années la mer se fait avare. Un matin c'est un corps qu'il découvre sur le rivage. le corps d'un homme qui doit avoir trempé depuis des jours dans la mer, le corps d'un homme noir, d'un homme d'ailleurs. le 1er corps d'une longue série... Après cette macabre découverte ce sont des vagues de cadavres qui font se déverser sur la côte du village. Des hommes tous jeunes, de la même taille, du même poids. Des centaines puis de milliers de cadavres, qui couvrent les rues, entrent par les fenêtres ouvertes, remontent les tuyaux et sortent des toilettes.
Il faut se protéger de ces vagues ! Il y a des tas de cadavres à enterrer… et puisque les politiciens de Rome ne comprennent pas l'urgence, la ville va prendre son autonomie. DF devient un état indépendant fermant ses frontières, expulsant les journalistes. Sans que personne ne recherche l'origine et la cause de ce phénomène surnaturel, les citoyens se démènent pour ériger une barrière en plexiglas sur la plage et transformer le drame en une opportunité économique.

Je ne suis pas une adepte des dystopies mais Giulio Cavalli a réussi à me captiver avec une idée excellente. Il invente un cauchemar de viande et d'argent, l'histoire d'un monde qui pourrait être proche, dans lequel les cadavres deviennent une source de profit. On ne peut s'empêcher de voir en filigrane les questions d'actualité sur les migrants et l'égoïsme de l'Europe. Il montre toute l'irrationalité des peurs, des pulsions et de la barbarie politique de notre temps. Il le fait avec un style personnel. Il ne porte pas de jugements. Il prend des photographies de ce village et de ses habitants dans un flux de pensées jamais redondantes et avec une langue précisément choisie pour chaque personnage qui prend la parole.

Un roman qui dessine une société où l'humanité est soustraite de la vie et remplacée par le paradigme du cynisme, du profit, de l'égoïsme, de l'hypocrisie bourgeoise de notre temps. Cavalli sait raconter l'horreur et sait vous tenir cloué à ses pages mais sans en faire trop. La plume de l'auteur obéit magistralement à l'impératif catégorique de la littérature: provoquer, interroger, choquer, prophétiser.

Traduit par Lise Caillat
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