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Critique de CDemassieux


Ils avaient décrété, comme ça, dans l'immense gaudriole bien-pensante de l'après-guerre (et pas très regardante du côté des résistants du dernier quart d'heure !) : « Céline, on va l'ignorer ! Ce salaud qui n'a pas joué le jeu et qu'a osé, par-dessus le marché, créer de toute pièce un style révolutionnaire, alors que nous, dans l'ensemble, on patauge dans la répétition ! »
Céline, celui qui ne lâche rien, comme un chien – il adorait les bêtes ! –, son os, allait leur jeter à la face ce que c'était que son style !
Il allait se la faire son « interviouve » vérité, dans un délire schizophrénique et non-moins génial. Ce faux interviouveur, ce Professeur Y ou Colonel Réséda, d'abord conformément hostile, ira jusqu'à pisser sur lui d'extase à l'écouter parler cet écrivain maudit, pour enfin sombrer dans une folie paranoïaque. Parce que le verbe célinien est virulent pour les nerfs fragiles!
Dans ces Entretiens, Céline déverse évidemment sa rancoeur, comme toujours, mais pas seulement : il y expose sa cuisine littéraire dans le détail.
Il raconte comment il embarque le lecteur dans un métro qui ne s'arrête pas ; son souci de l'émotion – pas celle des romans compassionnels lourds ! – ; le langage parlé retranscrit tel quel.
« L'émotion à vif ! jamais à côté ! », écrit-il.
Ces Entretiens, aux allures de revanche, sont en fait un testament : celui d'un écrivain exclusif de lui-même, oui, mais un écrivain qui fait encore trembler dans les chaumières et les caboches : « le lecteur qui me lit ! il lui semble, il en jurerait, que quelqu'un lui lit dans la tête !...dans sa propre tête !... »
Puis il y a les dernières pages : un sommet de burlesque !
Une lecture indispensable, autant qu'éclairante, aux amateurs de Céline…
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