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Critique de Takalirsa


J'ai été agréablement surprise par l'écriture vive et vivante de Blaise Cendrars, que je découvre. Les chapitres sont courts, l'action s'enchaîne, l'auteur ne perd pas de temps en descriptions inutiles. Cela donne un effet dynamique allant bien avec l'esprit d'aventure du personnage.
Suter, qui a vraiment existé, est un homme déterminé, malin, sans état d'âme et polyvalent. Ayant quitté la Suisse pour l'Amérique, abandonnant derrière lui femme et enfants, il ne tarde pas à entendre parler de la Californie ("Tous ne parlent que de l'Ouest. Il est hanté"). Mais il n'est pas du genre à agir sans préparation, alors il se renseigne sur les moeurs et les habitudes locales, évalue les besoins. Il découvre un pays cosmopolite ("Toutes les races du monde sont représentées"), une "bande de terre toute en littoral". San Francisco, ce sont "des huttes de pêcheurs en terre battue. Des cochons qui se vautrent au soleil". Difficile à imaginer aujourd'hui!

Suter établit son ranch, la Nouvelle-Helvétie, en se servant des Indiens comme esclaves ("dépouillés de tout, maltraités, misérables"). Les Indiens constituent son plus gros souci parce que "ses terres empiétaient sur leurs territoires de chasse". Mais le général a des relations politiques et son commerce ne tarde pas à devenir lucratif. Il va même jusqu'à importer des ceps de vignes du Rhin et de Bourgogne (serait-il à l'origine du bon vin californien?). Et voilà que la fièvre de l'or s'abat sur le monde.
Le récit prend alors une incroyable tournure: "Après avoir tout bravé, tout risqué, tout osé et s'être fait "une vie", Suter est ruiné par la découverte des mines d'or sur ses terres". Celles-ci attirent en effet de nouveaux colons ("Mon pauvre domaine était submergé"), tandis que les employés s'enfuient avec les pépites trouvées. Toutes les fermes sont abandonnées et il n'y a plus personne pour gérer le domaine. "La découverte de l'or m'a ruiné!", se désole Suter.

Par une ironie du sort, c'est à ce moment que sa femme, Anna, se décide à effectuer le long voyage avec leurs enfants pour le rejoindre... Suter se remet donc à l'ouvrage. Mais il a changé, il est devenu hésitant, renfermé, méfiant, sournois, avare. "J'ai le mal du pays". Il réclame justice, intente un procès aux particuliers et au gouvernement de l'Etat, revendiquant la propriété exclusive des terrains ainsi que des droits sur une partie de l'or extrait. Cela lui vaut la haine de bien des gens... "Il est brisé", vit dans la misère, n'est plus que l'ombre de lui-même, un "vieux fou" qui meurt en croyant avoir gagné son procès à cause (ou grâce) à une plaisanterie de petits voyous.
Au bout du compte, "ses privations, son énergie, sa volonté, son travail, sa persévérance, tout a été inutile"...
Lien : https://www.takalirsa.fr/l-o..
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