Portraits de femmes

Je ne crois pas qu'il y ait jamais eu un homme traitant une femme d'égale à égal, et c'est tout ce que j'aurais demandé car je sais que je les vaux.-Berthe Morisot (p.19)

Avant l'ouverture de lieux de formation destinés aux femmes, celles qui souhaitaient se consacrer à la carrière artistique étaient majoritairement filles d'artistes et en tant que telles, formées dans l'atelier de leur père. À partir de 1896, alors que l'École des beaux-arts est encore interdite aux femmes, celles-ci ont la possibilité de fréquenter la bibliothèque de l'École et peuvent assister aux cours magistraux de perspective, d'anatomie et d'histoire de l'art, mais non aux cours de dessins d'après nature. Elles ne peuvent pas non plus accéder aux ateliers ni aux concours.

Depuis le XVIIIe siècle, l'autoportrait est l'un des topos émancipateurs des femmes artistes. Elisabeth Vigée Le Brun et Adelaïde Labille-Guiard ont montré la voie vers un statut professionnel égalitaire en contestant la mainmise masculine sur l'image des femmes.
Qui suis-je ? questionne l'autoportrait. Une artiste, une mère, une bourgeoise,
une femme moderne, indépendante ? p. 33 / Marie-Jo Bonnet]

"On ne rencontre aux abords du Louvre, du Luxembourg et des Académies libres que de gentes demoiselles tenant à la main la boite à peindre: toutes les femmes peignent: c'est une des formes de la grande névrose moderne.
Ce n'est pas que cette grande levée de jupes n'ait rien de bien inquiétant pour l'art masculin, mais je regrette profondément de voir sortir la femme de son rôle naturel"
[Article de Fabienus in "La Fédération artistique, 7 mai 1887", rédigé à l'occasion de l'exposition de Louise Abbéma chez Georges Petit, en 1887]

Ah ! Ce dernier été passé tout entier à l'atelier Julian, sous les toits de plomb du passage des Panoramas, à dessiner, quel bonheur suprême! A Paris donc, une femme artiste n'était pas un monstre, une toquée, une téméraire orgueilleuse; on en parlait comme d'une privilégiée, on l"aimait, on la fêtait. Ici, tout est léger et joyeux; c'est le paradis. -Louise Breslau (p.19)