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Critique de keisha


keisha
24 décembre 2013
De retour forcé dans son village à la fin du premier volume, Don Quichotte n'a pas l'intention de lâcher sa petite entreprise de chevalerie errante.
Le bachelier Samson Carrasco ayant rapporté les erreurs ou omissions reprochées à l'auteur de la première partie de Don Quichotte, à savoir qui vola l'âne de Sancho, comment il se fit que Sancho fut à nouveau sur l'âne, sans qu'on l'ait retrouvé, et enfin comment Sancho dépensa les cent écus d'or, Sancho expliqua diligemment cela. Mais pas complètement, car "l'historien s'est trompé, ou ce sera quelque inadvertance de l'imprimeur."
La grande question se pose, "l'auteur promet-il une seconde partie?" Pas sûr, car "Jamais seconde partie ne fut bonne."

Inutile de dire que je buvais déjà du petit lait! Cervantes, quel auteur! le voilà critique du tome 1 dans le tome 2!
Et ça continue :
"En arrivant à écrire ce cinquième chapitre, les traducteur de cette histoire avertit qu'il le tient pour apocryphe, parce que..."
Pourquoi se gêner, n'est-ce pas? le traducteur intervient à plusieurs reprises, ainsi que l'auteur, Cid Hamet Ben Engeli, comme dit en première partie.

Finalement, au grand dam de sa nièce et de sa gouvernante, du curé et du barbier, Don Quichotte repart on the road again, pour de nouvelles aventures...

Contrairement à la première partie où Don Quichotte se battait beaucoup et recevait force blessures, ici une grande partie de l'histoire se déroule chez un duc et une duchesse, qui, aidés de leurs serviteurs, vont s'amuser à tromper Don Quichotte en inventant des aventures dignes d'un chevalier, et qu'il prendra pour la réalité. de même, ils fourniront à Sancho le gouvernement d'une (fausse) île, et s'amuseront fort de voir nos deux héros tomber dans tous les panneaux.
En première lecture, ces moqueries m'avaient laissé une impression de malaise, je ne trouvais pas cela digne d'amusement. En seconde lecture, non plus. Mais face à ces oisifs sans vraie grandeur, Don Quichotte et Sancho paraîtront dignes d'admiration. Don Quichotte, courageux, ne craignant pas de défendre le faible, et capable de réflexions de bonne tenue, sans folie aucune. Il peut discourir avec sagesse sur maints sujets (et Cervantes en profite sans doute pour critiquer nobles, clergé, etc...). Comme dit Sancho, "il n'y a pas une chose où il ne puisse piquer sa fourchette. " de même Sancho saura gouverner avec sagesse. Tel est pris qui croyait prendre? Non, duc, duchesse et leur cour ne sembleront pas en tirer de leçon.

Don Quichotte devient presque attachant. Ecoutons Sancho en parler : "Il n'est pas coquin le moins du monde; au contraire, il a un coeur de pigeon, ne sait faire de mal à personne, mais du bien à tous, et n'a pas la moindre malice. Un enfant lui ferait croire qu'il fait nuit en plein midi. C'est pour cette bonhomie que je l'aime comme la prunelle de mes yeux et que je ne puis me résoudre à le quitter, quelque sottise qu'il fasse." Sancho, simple, crédule, glouton, amateur de confort, en est touchant, tellement il est attaché à son grison. Et ses inénarrables rafales de proverbes...

Parfois l'on se demande si Don Quichotte croit vraiment tout: "Sancho, puisque vous voulez qu'on croie ce que vous avez vu dans le ciel, je veux à mon tour que vous croyiez ce que j'ai vu dans la caverne de Montésinos."

Interventions de l'auteur:
"Ici l'auteur de cette histoire décrit avec tous ses détails la maison de Don Diégo, peignant dans cette description tout ce que contient la maison d'un riche gentilhomme campagnard. mais le traducteur a trouvé bon de passer ces minuties sous silence, parce qu'elles ne vont pas bien à l'objet principal de l'histoire, laquelle tire plus de force de la vérité que de froides digressions."
Il explique aussi pourquoi, dans cette seconde partie, aucune nouvelle détachée, comme le Curieux malavisé ou le Capitaine captif de la partie 1.

Patatras! Ne voilà-t-il pas, sur la fin, que Don Quichotte apprend que vient de paraître le second volume de ses aventures, écrit par un médiocre écrivain (Cervantes ne laisse pas une occasion de lui dire son fait)! Qu'à cela ne tienne! Puisque dans cette histoire il est censé se rendre à Saragosse, eh bien, il n'ira pas, et le voilà se rendant à Barcelone!

Évidemment j'aurais pu tirer encore plus de ce roman, parodie de roman de chevalerie, tout en en étant un, finalement. Mais je préfère rester sur une note amusée, en rapportant l'un des titres de chapitres, tous plus farfelus les uns que les autres
"Qui traite de ce que verra celui qui le lira, ou de ce qu'entendra celui qui l'écoutera lire"...

Conclusion (puisqu'il le faut) : ce second tome est encore plus jubilatoire que le premier!

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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