AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Si vous êtes chrétien ou si vous l'avez été, si vous ne l'êtes pas mais que vous avez un esprit ouvert et que vous acceptez qu'il puisse y avoir d'autre points de vue que le vôtre (et aussi valable, cela va sans dire), vous pourrez entrer dans ce livre sans trop de problème. Si au contraire vous êtes réfractaire à toute spiritualité, vous risquez d'être rebuté dès les premiers chapitres. Eh oui, on le sait, Gilbert Cesbron est un auteur chrétien, et de plus militant. Dans les années 50 et 60, la religion pesait encore dans la société. Mais Cesbron n'est pas tout à fait comme les écrivains de sa génération : son combat est avant tout humain : il ne fait pas de catéchisme, il prêche par l'exemple, et il cherche à comprendre avant de juger. Cette vision résolument « humaniste » lui a valu le surnom de « chrétien de gauche », d'autant plus qu'il dénonce les grands scandales de son époque (et de la nôtre, hélas !)
« Vous verrez le ciel ouvert » pose clairement le problème de la foi. Or, c'est un problème personnel, c'est un choix intime, personne n'est autorisé à nous dire pour qui il faut croire (c'est exactement comme pour le vote) mais on nous donne le choix. Les raisons qui nous poussent à faire ce choix ne regardent que nous.
Nous sommes donc dans les années 50, dans un pays de montagne où la vie n'est pas facile : un chantier énorme où les ouvriers sont exploités et meurent parfois sur le lieu de travail, des villageois excédés par les expropriations et la rapacité des financiers, un curé qui voit son église désertée, on sent qu'il va se passer quelque chose. C'est Odette, la fille du cafetier qui va déclencher toute l'affaire. C'est une ado perdue, entre un père indifférent et une mère impotente et malade, qu'elle désespère de voir guérir un jour. Ayant vu un film sur Bernadette Soubirous, elle déclare avoir vu la Vierge, et déclenche ainsi tout le processus des apparitions.
Qu'est-ce qui fait qu'on croit ou qu'on ne croit pas ? Odette a-t-elle agi par calcul, voire par perversité pour punir tous ceux qui la dédaignent ? le sait-elle seulement elle-même ? Ou bien est-ce l'amour pour sa mère qui la pousse à croire si fort qu'elle « force le Ciel » ? Ou bien n'est-ce pas une névrose qui crée des hallucinations ? Où est la vérité et où est l'illusion ? Et s'il y a illusion, à qui est-elle destinée ? Les protagonistes du roman se posent ces questions, en fonction de leurs propres croyances et de leurs propres doutes.
La foi n'est pas le seul sujet de ce roman fort, révoltant et sacrément interrogateur : le scandale des chantiers assassins, le déni de dignité de tous ces personnages pathétiques, la commercialisation du « miracle » … Gilbert Cesbron n'oublie rien, ni personne, ni même les failles de son propre camp. Nous avons eu souvent l'occasion de le souligner dans d‘autres chroniques, c'est un auteur sans doute désuet et passé de mode, (encore que son message soit toujours d'actualité), mais il reste un témoin privilégié de son époque, qu'il restitue avec une scrupuleuse honnêteté.
Un roman donc, à lire avec autant d'honnêteté qu'il a été écrit : sans préjugés, et avec plus de compassion que de critique stérile.
Commenter  J’apprécie          101



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}