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Critique de Stelphique


Ce que j'ai ressenti:

« S'il y avait une chose qui semblait lier tous ces gens, c'était leur familiarité avec le malheur. »

Deux familles, une similitude: le racisme systémique. La famille Matthews et la famille Park, vont trouver leurs destins liés, tout au long de leurs vies. Leurs perspectives, leurs espoirs, leurs quotidiens: brisés. Tout est feu, flammes, incendies. Tout est violences, discriminations, colères.

Avec cette fiction, nous prenons l'ampleur du phénomène qui embrase les États-Unis: l'injustice structurelle envers les minorités. Steph Cha, nous raconte le meurtre raciste de Ava Matthews en 1991, et les répercussions sur ces deux familles, trente ans plus tard. Parce qu'on ne se sort pas d'un drame, aussi facilement. Il y a toujours des conséquences à ces actes de violences et ces crimes ignobles. du malheur, qui s'ajoute au malheur, qui ramène encore plus de malheur, qui engendre encore plus que plus de malheur, qui détruit des vies. Et ça recommence. Indéfiniment. Les colères, les discriminations, les meurtres. Un ourobouros.

« Je pense que nous devrions célébrer sa vie, sinon elle deviendra une simple morte, une statistique. »

Avec ce livre, on prend conscience du contexte politique et social américain, et des circonstances de la mort tragique de Ava. Ce n'est pas simplement, une victime, un chiffre, une statistique, c'est une histoire. Une histoire inspirée de faits réels, que Steph Cha, nous retrace avec beaucoup de sensibilité et d'empathie. Une histoire avec des personnes qui souffrent, se débattent, luttent, agissent à leurs échelles pour tenter d'améliorer un système dysfonctionnel. Des personnes touchées par le drame, pulvérisés de l'intérieur, démunis aussi face à ce problème de société dévastateur. Il est vraiment temps de voir les mouvements de ces hommes et ces femmes qui veulent un monde plus égalitaire. Il est vraiment temps, d'entendre leurs revendications d'entraide, de fraternité, de reconnaissance. Nous sommes l'incendie, c'est une colère contenue, réfléchie, et engagée contre la haine raciale. C'est du feu, mais un feu actif, vaillant, inspirant. Nous sommes l'incendie, c'est l'espoir d'un monde meilleur, plus inclusif, plus relié, plus humain. Pour que plus jamais, on est à lire de tels drames, de tels traumatismes, de telles histoires malheureuses, qui se répètent encore et encore.

« Peut-être était-ce juste la façon dont fonctionnait le monde: les gens oubliaient des vérités atroces tout le temps, ou du moins ils oubliaient de s'en souvenir. Après tout, qui avait envie de penser à des choses affreuses? »

Je suis heureuse que certains, se souviennent. Que certains, n'oublient pas. Que certains agissent, écrivent, militent, fassent bouger les choses. J'ai été très touchée par cette histoire et la démarche de l'autrice d'exposer les deux points de vues du drame pour laisser notre propre émotion faire son chemin et nous permettre de comprendre dans son ensemble, les causes et les conséquences à plus ou moins long terme, d'un meurtre raciste. Parce que la haine est une chose affreuse et meurtrière, qu'elle fait chaque jour des ravages, ici ou ailleurs, il faut absolument en parler, la rendre visible, la contextualiser, la mesurer, pour qu'enfin, des actions puissent être menées. Qu'enfin justice puisse être faite. Mais surtout que, ce phénomène de société disparaisse. Nous sommes l'incendie. Je pense que nous nous devons de l'être et de faire ce devoir de mémoire. Merci Steph Cha de vous être souvenue de Latasha Harlins.
Lien : https://fairystelphique.word..
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