Les armes de longue portée sont les armes des hypocrites, des lâches, des traîtres. Ce sont les armes des snipers, des tireurs embusqués, des tueurs qui ne veulent pas dire leur nom. Ou celles des naïfs, comme Chatham. L’arme à feu, en mettant de la distance entre le tireur et sa victime, constitue une tricherie. Elle l’éloigne de son objet, de ses réactions. L’arme à feu vous garde les mains propres. C’est elle qui vous guide et, par la même occasion, vous absout. C’est un peu comme quand on confie à un boucher, qu’on ne veut surtout pas voir agir, le soin de tuer la bête dont on va manger la viande avec le cœur léger.
Pour le pouvoir, la lutte contre la violence est la meilleure façon de se vendre au peuple qui l’accepte ou qui le met en place. Il doit donc veiller à ce que la violence perdure, puisque c’est elle qui le justifie. Le pouvoir a besoin de la violence et des instruments de la violence. Il y va de sa survie.
Il n’est pas nécessaire d’être écrivain pour comprendre comment un écrivain agit, ni pourquoi il agit. Surtout un écrivain qui tue. Pour ça, il est préférable d’avoir tué soi-même. C’est la mort qui est essentielle. L’écriture est accessoire.
Les écrivains ne sont ni respectés ni respectables. Ils meurent comme tout le monde, des mêmes maladies sans imagination que les comptables ou les boutiquiers, en étirant jusqu’à l’épuisement leurs fables navrantes et leurs pitoyables souvenirs d’enfance.
Les hommes ne savent pas à quel point ils se révèlent par leurs odeurs corporelles…
Tout ce que le plus grand écrivain du monde est capable de détruire, c’est lui-même. Les autres, les impuissants, les baveux, les dysentériques du mot imprimé, ils survivent. Et je vous assure que je sais de quoi je parle…
Les flics, d’où qu’ils soient au monde, sont des flics. Des gens avec qui il n’est pas bon de parler. Si vous le faites, vous êtes fiché, répertorié, classé. Vous êtes un suspect.
On se venge comme on peut…
Les romanciers mentent, c’est leur métier ; mais les critiques les surpassent, c’est le leur…
Les grands écrivains ont tous un côté ignoble, pervers, reprend ce dernier. Forcément. Sinon, ils n’écriraient pas. Pas comme ils le font, en tout cas. On n’écrit pas quand on est en bonne santé.