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Critique de lechristophe


Alphonse Boudard, je l'ai découvert à la fin des années 80 lorsque je suis tombé par hasard sur un livre de poche au titre étrange "Bleubite". En le feuilletant, je m'étais aperçu que la forme de ce petit roman (220 pages) n'était pas habituelle : des phrases courtes généralement séparées par trois petits points, un récit à la première personne du singulier, une construction des phrases et une grammaire particulières, et surtout l'utilisation de l'argot parisien qui, d'ardu au début, se faisait de plus en plus compréhensible au fil des pages. Ayant particulièrement apprécié cette première rencontre avec cet auteur, j'ai dû me procurer par la suite deux-trois autres de ses romans (j'ai des bribes de souvenir de scènes dans un sanatorium, et d'autres de cambriolage), me promettant d'acheter toute son oeuvre romanesque (promesse que je n'ai évidemment pas tenue depuis trente ans).
Alors quand, dans une Masse Critique, j'ai vu qu'une biographie d'Alphonse Boudard était parue, j'ai sauté sur l'occasion et coché sa case. Je dois donc remercier au passage Babelio qui m'a sélectionné pour ce livre et les Editions Ecriture qui me l'ont fait parvenir. Une biographie c'était l'occasion d'en savoir un peu plus sur le bonhomme, même si le lecteur de sa dodécalogie principale ne va pas en apprendre beaucoup. En effet, la particularité d'Alphonse Boudard est d'avoir écrit, certes dans le désordre chronologique, douze romans autobiographiques en une trentaine d'années. Tout le mérite du journaliste Dominique Chabrol est d'avoir soustrait de cette oeuvre tout le romanesque, le faux pour n'en garder que le vrai.
Et le vrai est quand même extraordinaire car Boudard part quand même de loin. Fils de pute (littéralement), il est mis en pension chez des paysans dans l'Orléanais jusqu'à l'âge de 7 ans quand sa mère le ramène à Paris. Il vivra les années 30 chez sa grand-mère dans un XIIIe arrondissement populaire et ouvrier. Entré comme apprenti dans une imprimerie, il s'aperçoit très vite que le monde du travail n'est pas pour lui et lui préfère l'aventure de la Résistance pendant la Seconde guerre mondiale. Après la guerre il glisse peu à peu dans la petite délinquance et se retrouve un beau jour en prison. Là, il attrape la tuberculose mais il se met également à lire et découvre une foule d'auteurs dont Céline. Pendant une dizaine d'années, il alterne les prisons et les sanatoriums et décide de devenir écrivain. A partir des années 60, c'est le rebond : le petit parisien qui n'a pas fait de grandes études devient un écrivain qui a de plus en plus de succès au fil des décennies. Il va même toucher au monde du cinéma et de la télévision en écrivant des scénarios, des dialogues et en voyant certains de ses romans adaptés au cinéma.
A la fin des années 90, il aura réussi à se créer de solides amitiés masculines dans divers milieux (édition, artistique, parisien-montmartrois...) et sera considéré comme le spécialiste de l'argot, de la vie en prison, multipliant les collaborations avec divers journaux. Pas mal si l'on regarde d'où il était parti en 1925.

Le petit bémol de cette biographie est qu'elle n'aborde pas sa vie intime. Quid de son épouse Gisèle, de ses deux fils ? On en apprend très peu sur sa vie de famille. Au détour d'une page, on découvre qu'il a eu un enfant d'une maîtresse, mais c'est tout. Était-il volage ? Comment sa femme a-t-elle vécu tous ces séjours en prison, hôpital, sanatorium ? puis le succès ? Que faisait-elle pendant les virées masculines de son homme dans Paris, les bouffes interminables à La Tour de Montlhéry ?

Sinon, bizarrement, j'ai envie de relire du Boudard, comme c'est étrange...
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