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Critique de gill


Le dégoût, jamais, ne vient d'un délicieux plat sucré.
A moins que dans ce dernier une main scélérate ait jeté une cuillère de vinaigre.
C'est le cas de ce petit livre qui promettait tant.
La couverture, dessinée par Léon Haffner, est superbe.
Tout comme les nombreux crayonnés de noir et blanc qui illustrent le propos de Paul Chack.
Car l'ouvrage est signé de la plume du grand écrivain, du brillant officier de marine qu'était Paul Chack.
Mais publié, en 1942, à l'heure où déjà son auteur se déshonorait, ce livre résonne comme le carnet de route d'un brillant destin gâché.
Paul Chack a été fusillé à la libération.
Son oeuvre a sombré dans le plus triste des oublis.
"Les explorateurs", que son auteur a lui-même souillé de bilieuses tâches d'encre, est un livre complexe.
A plusieurs reprises, l'ouvrage, en quelques mots de propagande parfois jetés brutalement, prend la forme d'un brulot politique.
"La révolution nationale du maréchal va refaire une France digne de son passé".
"Le peuple des malfaiteurs sociaux qui luttent pour la réduction du temps de travail est un peuple de fainéant qui ne peut vivre qu'en servage".
"Au temps actuel où toutes les races aryennes deviennent égales en courage et en intelligence, la grandeur des pays dépend de leur richesse"...
De plus, le premier chapitre, "le métier de la mer", est une redite du premier chapitre de "Tu seras marin", d'où une vague et désagréable impression de déjà entendu durant la lecture.
Alors il paraît clair qu'un livre pareil ne semble pas avoir droit de cité dans une bibliothèque honnête, vertueuse et tolérante.
Mais Pourtant ....
Pourtant ....
Pourtant, Paul Chack parle de la marine et des marins comme peu l'ont fait.
Et certains passages de ce petit livre valent d'en être extraits.
Il est souvent de bon ton de prétendre que l'âme de la marine a disparu avec le monde de la voile.
Paul Chack sourit, lui qui a navigué à bord de quinze bâtiments de guerre, qui y a exercé à peu près tous les métiers, qui a parcouru les sept mers et bien des terres, qui a commandé un sous-marin en temps de paix et un contre-torpilleur pendant la guerre.
"Les hommes aux prises avec la machine, avec les canons, les torpilles et les mines, sont de rudes lascars, aussi étonnants que leurs ancêtres qui allaient serrer les huniers dans la tempête".
Et qu'importe le type de navire, l'homme le sauve des grandes colères de l'océan par son sang-froid, son intelligence, son habileté et son sens marin ...
Au final, même s'il est par endroits souillé par la haine et l'intolérance, je pense que le livre vaut d'être lu car il est écrit de façon magistrale, étayé par une solide érudition et émaillé d'une foule de détails passionnants sur l'histoire de l'exploration marine ...

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