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Critique de Blackrosesforme


Une histoire d'amour radioactive est un roman d'une terrifiante beauté. Deux histoires se déroulent en parallèle. Javier et Plancher sont flics à la criminelle et amants. Ils enquêtent sur une affaire de suicidés qui, atteints de cancers foudroyants, ont tous quitté l'hôpital et stoppé leur traitement après avoir rencontré Véronika. Artiste russe, sorte de veuve noire aux charmes vénéneux, Véronika change l'existence de ceux qu'elle croise, semblant leur redonner une étincelle de vie avant la fin inéluctable, à moins qu'elle ne précipite leur mort. DRH a croisé son chemin, et depuis, malade, il a changé. Ce petit cadre insignifiant, zélé dans sa mission de virer des employés, mari inconsistant et père inexistant, se métamorphose. Il se met à baiser, à frapper, à violer, à exister. Les deux histoires n'en feront plus qu'une.

Beau. Parce que l'histoire d'amour n'est pas seulement radioactive, elle est sublime. Mise en relief par l'opposition entre l'existence désincarnée de DRH, ce « il », robot impensant, impuissant, qui n'a même pas de nom, et celles de Javier et Plancher, personnages de chair et de sang qui s'aiment infiniment. Javier, vieillissant, comme dans une supplique s'adresse à son amant. L'histoire est belle, parce qu'ils sont vrais, parce qu'ils sont tendres et parce qu'ils baisent. Aucun voile pudique, aucune distance. Loin du cucul, on est dans le cul absolu. le brut, celui qui gerce, qui fait que les corps s'emboîtent au plus profond.

Terrifiant. Parce que toutes nos angoisses y sont versées. La maladie, la dégénérescence, la peur de voir mourir ceux qu'on aime, le tout exprimé avec une froideur implacable, un vocabulaire précis de botaniste. C'est violemment perturbant. On finit la lecture, fébrile, le coeur lourd et cette sensation refuse de nous lâcher. Comme quand on s'extirpe d'un rêve étrange et qu'on se demande pourquoi on est si mal toute la journée. Ce n'est pas le rêve qui a créé le malaise, il a juste réveillé quelque chose tapi, là, au fond, qu'on est incapable de nommer. On voudrait ne plus y penser mais on y revient toujours. Est-ce que ça rassure finalement ? Est-ce que ça dit qu'on est vivant ? C'est terrifiant parce qu'on ne sait pas ce qui nous a atteint, autant. On croyait se connaître mieux que ça. Javier, affirme, en conclusion du roman : « Je crois que je suis perdu ». Je crois bien que moi aussi.
Lien : https://blackrosesforme.word..
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