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Critique de AMR_La_Pirate


Kanaka de Stéphane Chamak, Widj Edition.

Un road-movie de six jours, aux États-Unis, quelque part le long des Rocheuses, vers le Wyoming, le Nebraska jusqu‘au Canada…
Un duo atypique : Larry Bugley, un ancien flic boiteux, alcoolique, cabossé et Baggins, un chien en fin de vie, un berger allemand qui a aussi servi dans la Police.
Un vieille Chevrolet, un pick-up Silverado, en bout de course elle aussi, guimbarde encore vaillante mais pas toujours fiable.
À son bord, ceux que l'on appelait B & B pendant leurs heures de gloire, entament un périple d'environ 1 800 miles pour se rendre dans un lieu que nous ne découvrirons qu'à leur arrivée.
Sur la route, une rencontre : Hoodoo a fugué de chez une mère alcoolique et un beau-père violent et fait du stop vers un « ailleurs » hypothétique… L'adolescente va mettre un « sacré bordel » dans l'organisation de Larry.

Drôle de titre qui en dit long sur la réflexion de l'auteur, sur son art de balader ses lecteurs. Pourquoi choisir un mot à consonnance polynésienne pour nous faire voyager dans l'Amérique profonde. Je ne suis pas très calée en géographie mais je sais qu'Hawaii est un État américain, un archipel volcanique isolé dans le Pacifique central. Je vous donne juste un petit indice : Kanaka évoque l'animal-homme, un état naturel immémorial… Ici, nous suivons un homme et une gamine qui « ont du chien », un certain art de la provocation, une aura originale et un chien particulièrement humain.
L'écriture de Stéphane Chamak est percutante, un mélange de franc-parler et de poésie, de formules pertinentes et de valse-hésitation. Certains passages sont très violents, entièrement dans l'action, tandis que les descriptions de paysages, de crépuscules et d'aubes véhiculent de magnifiques images autour d'atmosphères, de couleurs, d'odeurs.
L'ambiance générale est celle d'un roman noir, d'une Amérique en déréliction avec des allusions à la situation socio-économique découlant de la politique de Donald Trump. Sous des dehors un peu bruts de décoffrage, l'univers référentiel est foisonnant mêlant histoire, littérature, musique et légendes.
Malgré l'économie de personnages, ce trio de bras cassés, autour de qui toute l'intrigue est construite, les seconds rôles sont campés de manières à nous impressionner, à laisser un souvenir précis de leurs brefs passages. La voiture est aussi un personnage à part entière, indispensable au voyage, mais, comme les corps souffrants de l'homme et du chien, mise à rude épreuve pour atteindre le but… Ici, il faudrait parler de l'écriture autour des corps, de leurs maux et de leur langages, mais je ne veux pas trop divulgâcher…

Vous l'aurez compris : j'ai adoré… Comme la vieille Silverado, Stéphane Chamak en a sous le capot.

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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