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Critique de Eboracynthe


Une fantasy appétente !

A mon sens, la qualité principale du premier roman de Guillaume Chamanadjian est de nous proposer un voyage des sens réjouissant. En effet, à travers Nohamux, dit Nox, un commis d'épicerie, l'écriture de l'auteur déploie un monde où les odeurs, les sons et les couleurs se répondent et chatoient pour nous emporter dans une balade urbaine à dimension gastronomique. Gemina, la Cité des Ducs, s'érige devant nous, truculente, marchande, opulente, tournée vers l'hédonisme et les commerces de bouche. Surtout dans sa première moitié, l'ouvrage offre une fantasy gourmande, assez feel good, qui donne envie de boire et de manger ! Au détour des pages, se profile une invite généreuse à déguster une cuisine et des vins méditerranéens, comme si l'on suivait un guide de voyage, entre moeurs, culture et bonnes adresses. Les pérégrinations de notre héros sont rythmées par les délicieux produits qu'ils transportent et colorées par les robes de la dive bouteille.
Une gourmandise d'écrire, de décrire et d'animer personnages et décors transparait dans la prose riche et immersive de G. Chamanadjian. Il y a quelque chose de jouissif dans cet univers sensitif, comme un parfum de vacances dans une Italie atemporelle et rêvée. D'ailleurs, en guise de festin littéraire, la poésie occupe une place importante dans l'univers décrit… et dans l'intrigue ! Donnant corps à la Cité d'inspiration méditerranéenne, les mots et les mets sont donc des protagonistes à part entière, pour notre plus grand plaisir. de ce point de vue, pour celles et ceux pour qui le "sensorium" s'avère déterminant dans un roman, ce tome introductif est une réjouissante réussite. Tout prend chair et vie (ticulture !) à mesure que l'on déambule ou se perde, contemplatifs, tous sens aiguisés, dans les dédales de Gemina, au gré des promesses des échoppes, au hasard des caves capiteuses. Dans ce sens, la dimension “réaliste“ de cette introduction de la branche « Capitale du Sud » est rendue de main de maitre.
Toutefois, au-delà de cet aspect voyage des sens, il y a un autre livre et une autre tonalité. Cette autre dimension m'a moins séduit car elle m'a paru moins originale et surtout moins expressive. Il s'agit d'une fantasy initiatique somme toute assez classique et prévisible. Outre le commis d'épicerie, c'est la part ingénue et héros en devenir de Nox. Comme cela a été dit dans d'autres critiques, d'autre oeuvres, récentes (et même en court comme le cycle de Syffe, effectivement) ou plus anciennes, ont mis la barre assez haut dans ce domaine et font que « le sang de la cité » ne se démarque pas vraiment.
C'est aussi l'autre versant que recèle la Cité et le sens littéral de la périphrase du titre. Après les réjouissances du vin, vient le sang et les tourmentes politiques dans lesquelles sont jetés malgré eux Nox et ses adjuvants ou opposants. Cela permet tout de même à l'auteur de tisser une intrigue tendue qui se suit bien, via le déploiement de personnages secondaires bien caractérisés et charismatiques. Ainsi, les enjeux dramatiques sont-ils solides et prenants, le tout articulé par un rythme bien adapté. Mais, à l'issue du premier opus du moins, selon moi, ces éléments basiques ne suffisent pas à convaincre et ne font pas l'intérêt principal de ce roman de fantasy surtout atmosphérique.
Somme toute, j'ai beaucoup apprécié cette lecture, emporté, malgré tout, par les couleurs des personnages, avec en premier lieu Gémina, Cité d'ores et déjà anthologique de la fantasy francophone. Je pense que c'était l'un des objectifs de la série et de l'auteur. Mission accomplie avec générosité et gourmandise ! La suite du menu !
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