AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Philios


C'est assurément un objet littéraire étrange, dont en fait seules les quatre premières nouvelles (sur dix) font référence à ce sinistre « Roi en jaune » et à son nébuleux royaume. Annoncé comme un « livre maudit » menaçant l'équilibre mental du lecteur, je n'ai pas été très impressionné par sa lecture, en tout cas beaucoup moins qu'à celle de certaines nouvelles d'Edgar Poe ou de Lovecraft. Les allusions au maléfique Roi en jaune et à son univers ne sont que des exergues aux nouvelles ou des « évocations » clairsemées ou citées comme sources d'événements terribles, mais non véritablement liées à ces histoires d'horreur, de folie et d'hallucinations, qui pourraient être décorrélées de ce fameux Roi jaune. La teneur de ces évocations étranges est plutôt poétique, citées en vers, égrenant des noms propres littéraires et mystérieux. Surtout, elles nimbent les nouvelles d'une aura mystérieuse et ajoutent un élément d'inexplicable, d'irrationnel quand les dérèglements des personnages ne pourraient être attribués qu'à des causes purement psychiatriques. L'univers dans lequel se déploie l'ensemble des nouvelles recouvre majoritairement le Paris de la fin du 19e siècle, celui d'une capitale subissant la misère et s'abritant face aux nuées d'obus des forces allemandes ; c'est aussi celui des ateliers de peintres impressionnistes ou pompiers, d'étudiants américains, artistes en herbe, goûtant à une atmosphère bohême, s'enivrant et batifolant avec des grisettes (Valentine, Cosette, Colette, Fifine…), le plus souvent jeunes modèles fauchées des jeunes peintres. Des noms de rues (Vavin, Notre-Dame-des-Champs, Saint-Honoré…) ou le jardin du Luxembourg évoquent de manière très familière Paris. L'élément fantastique ou de terreur confronté à ce dernier univers rassurant, artistique, amical ou amoureux et décontracté n'en est rendu que plus incongru et dérangeant - obscène. La plupart de ces nouvelles sont dignes d'intérêt, mais certaines sont trop longues, d'autres moins convaincantes (telle la dernière, « Rue Barrée »). On y découvre des jaillissements de pure fraîcheur romantique. Je suis satisfait d'avoir lu ce recueil pour y avoir découvert une gemme, mêlant fantastique, romantisme pur et poésie : « La demoiselle d'Ys ». Une nouvelle dont l'étrangeté onirique plane longtemps après avoir refermé le livre.
Commenter  J’apprécie          00







{* *}