Difficile de mettre des mots sur cette compulsion. Marco n'a que 23 ans et il se sent vieux. Le Nant Blanc, il a l'impression que c'était il y a un siècle. Il faut qu'il reparte à l'Everest, au Hornbein. Maintenant. Tout de suite. Sinon, il aura perdu un an dans l'agenda de ses rêves de géant. Ce vague à l'âme est révélateur de son entrée de plain-pied dans un monde adulte où la réalité veut sans cesse rattraper les illusions. Marco veut vivre à son rythme : vite.
Au fond, pour obtenir les meilleures versions de ses aventures, il faut appartenir à son cercle d'amis. Dans la chaleur de ces nuits d'été, dans l'ambiance débridée des barbecues chez Hervé, quand Marco, face à son auditoire, se lâche. Là, il est à l'aise, il devient volubile. Ses fous rires viennent étayer la narration d'une épopée que sa bouche et ses mots rendent drôle, évidente. Sa folie accessible.
Pour Marco, la vie doit avoir la vigueur d'un torrent de montagne. Sinon elle ne vaut d'être vécue.
Les alpinistes sont-ils des crétins admirables ou des héros inconscients?