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Critique de Foxfire


Ma dernière lecture de Chandler remonte à quelques années. le fait qu'il fasse partie de la sélection du challenge solidaire de cette année me donne l'occasion d'une nouvelle lecture de cet auteur que j'affectionne. Je ressors ravie de « la grande fenêtre », j'y ai trouvé ce que j'en attendais.

Je suis très amatrice du roman noir et avec « la grande fenêtre » on est vraiment dans le pur noir. Les adeptes des romans policiers à énigme devront passer leur tour. Comme souvent chez Chandler, l'intrigue est alambiquée, tortueuse, tant et si bien qu'on s'y perd parfois et qu'arrivé à la fin du livre, le lecteur n'est pas certain d'avoir bien compris tous les tenants et aboutissants. Mais le « qui » et le « pourquoi » n'ont jamais vraiment intéressé Chandler qui s'est toujours allègrement servi de MacGuffin pour donner un enjeu à ses histoires. Ici, il prend la forme d'une pièce de collection de grande valeur qui a été dérobée. Qui et pourquoi ? L'affaire sera bien élucidée à la fin du roman mais, à vrai dire, on s'en fout un peu. D'ailleurs, dans l'histoire même, la pièce n'est pas le réel enjeu. de toute façon, ce qui a toujours intéressé Chandler s'est toujours situé ailleurs que dans la résolution implacable d'une intrigue. le triptyque indice-hypothèse-déduction n'est pas de mise ici. Ce qui intéresse l'auteur, et ce qui me séduit dans le roman noir, c'est la peinture de moeurs. Et, dans « la grande fenêtre », elle est très réussie. le roman promène le lecteur entre les bas-fonds, cabarets mal famés, immeubles vétustes, et les demeures cossues des quartiers chics. Si les uns sont peuplés de poivrots ou d'escrocs dangereux, les autres ne sont guère plus fréquentables. En effet, sous le vernis respectable qu'offre l'argent, les bourgeois se révèlent tout aussi pourris et dangereux. D'ailleurs, la frontière entre les deux milieux est poreuse, l'intérêt amenant les uns et les autres à se rencontrer.
Outre la peinture d'une société immorale, le roman noir s'est toujours attaché à avoir du style. Autre élément qui séduit les amateurs du genre. Qu'importe que l'intrigue soit claire, qu'importe qu'elle tienne la route ou pas, tant que la langue claque. Là encore, « la grande fenêtre » est une réussite. J'ai retrouvé avec bonheur les comparaisons imagées, souvent drôles, les dialogues hard-boiled et le sens de la formule qui font le sel du roman noir. J'en profite pour saluer le travail de traduction remarquable de Renée Vavasseur et Marcel « Monsieur Série Noire » Duhamel.

Pour qui aime le registre du roman noir avec son style et ses personnages typés, « la grande fenêtre » offre une lecture jouissive.
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