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Critique de LecturesdeVoyage


En 1993, je fis un passionnant voyage d'environ un mois et demi en Chine. Nous avons arpenté le marché aux bestiaux de Kashgar et admiré ses montreurs de chevaux. Nous sommes tombés par hasard sur un opéra de rue à Lanzhou où des actrices ultra-maquillées se donnaient la réplique devant des passants hilares et des enfants émerveillés. Dans les rues escarpées de Lijiang, nous avons croisé les vieilles dames Naxi, un peu fripées sous leurs fardeaux, nous demandant si le fait de vivre dans une société matriarcale leur avait rendu l'existence plus heureuse.
« Les Cygnes Sauvages » (Wild Swans. Three Daughters of China) par Jung Chang a été publié en 1991, deux ans après les événements de la place Tienanmen. Je viens de terminer la lecture de ce livre écrit en anglais qui a connu un succès considérable. Il raconte l'histoire vraie de trois générations de femmes chinoises sur près d'un siècle : Yu-Fang, née en 1909 sous l'ancien régime, dont les pieds furent bandés pour la rendre plus attirante et qui devint la concubine d'un grand seigneur de la guerre en Mandchourie, avant d'épouser un médecin. Sa fille, Bao Qin, née en 1931 grandira sous l'occupation japonaise et deviendra militante communiste dès l'âge de 15 ans, choquée par la pauvreté abjecte dans laquelle la majorité vivait. Elle épousera un jeune cadre du parti au Sichuan où la famille s'établira. A l'enthousiasme révolutionnaire des premières années, succèdera le confort relatif d'un couple d'apparatchiks respectés parce qu'incorruptibles avant de faire place, pendant la Révolution Culturelle, aux désillusions et persécutions. Jung Chang, l'auteur, est leur petite fille et fille. Elle est adolescente au moment de la Révolution Culturelle : elle s'engage dans les Gardes Rouges, monte sur Pékin dans des wagons bondés pour se mêler aux proclamations de soutien au Président Mao. Elle est aussi envoyée, comme des milliers d'autres, pour être rééduquée en travaillant parmi les paysans dans les montagnes du Sichuan. Comme ses parents, elle se méfie peu à peu du culte de la personnalité qui entoure le « Grand Timonier ». Dans une ère où dominent la suspicion et les dénonciations, elle parvient néanmoins à obtenir une place, très convoitée, à l'université où elle apprendra l'anglais. Elle obtient une bourse pour étudier Londres où elle vit de nos jours.
C'est un récit fascinant qui mêle l'histoire – souvent violente – d'un pays qui reste méconnu ou mal compris en Occident aux émotions et aspirations des membres d'une famille, avec leurs soucis quotidiens, les dynamiques de couple et des relations complexes entre générations.
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